LE DÉROULÉ LITURGIQUE DU 2 NOVEMBRE 2025
CULTE À L’ORATOIRE DU LOUVRE
2 novembre 2025
« DE TOUT, FAIRE DU NOUVEAU »
Culte présidé par les pasteurs Béatrice Cléro-Mazire et Robert Philipoussi
Culte accompagné à l’orgue par Sarah Kim
Annonce de la Grâce
Accueil
Bienvenue à toutes et à tous.
Bienvenue aux personnes qui nous rejoignent par internet ou par le biais des réseaux sociaux.
Bienvenue aux personnes nouvelles de notre paroisse qui franchissent le seuil de ce temple peut-être pour la première fois.
Que chacun de vous se sente ici chez lui pour ce moment où nous voulons nous mettre en présence de Dieu, écouter sa parole et la méditer.
Aujourd’hui, nous voulons donner un temps et un espace spirituels à la peine des familles endeuillées. C’est l’amour de Dieu et l’amour du prochain qui nous guide dans cette démarche. Car si la Réforme a aboli tous les rites visant à obtenir le salut des âmes qui nous est acquis par grâce, elle n’a pas interdit de soutenir et de consoler au moment de l’affliction.
Nous allons donc lire le nom de personnes liées à la communauté de l’Oratoire. Nous croyons que lire le nom des défunts, c’est faire mémoire de la trace qu’ils laissent dans nos vies et rendre grâce pour les liens qui nous unissent par delà la mort. C’est dire notre reconnaissance pour la vie que Dieu suscite éternellement.
Nous nous nous réunissons dans la communion fraternelle avec le 1er chant spontané.
Répons : Bénissons Dieu le seul Seigneur
Bénissons Dieu le seul Seigneur
Nous qu’il choisit pour serviteurs
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.
Louange
Psaume de David.
L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles.
Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la justice,
À cause de son nom.
Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi :
Ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort.
Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires ;
Tu oins d’huile ma tête,
Et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et je reviendrai dans la maison de l’Éternel
Pour la durée de mes jours.
Poursuivons notre louange par le chant d’un psaume
Psaume : Psautier Français n° 25 « À toi mon Dieu mon coeur monte », strophes 1 à 4
Volonté de Dieu :
j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives ( Deutéronome 30, 15)
Répons : Parle, parle Seigneur
Parle, parle Seigneur,
Ton serviteur écoute,
Je dis ton serviteur,
Car enfin je le suis,
Je le suis, je veux l’être,
Et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.
Confession du péché
La vie n’attend pas, Seigneur,
elle nous fait signe
à chaque instant,
à chaque tournant
et nous marchons souvent tête baissée
sur nos soucis,
sur nos replis.
La vie n’attend pas,
les autres sont là
à chaque instant,
à chaque tournant
et nous sommes souvent mal-entendants,
paresseux dans nos empressements.
La vie n’attend pas, Seigneur,
c’est toi qui nous attends!
Toi qui nous cherches inlassablement,
qui nous veux vivants
à chaque instant,
à chaque tournant.
Ouvre en nous l’espace pour ton pardon,
qui est toujours un commencement,
et donne-nous de vivre de ta patience
qui nous rend à la belle urgence d’aimer la vie »
en la faisant passer de visage en visage,
à chaque instant,
à chaque tournant !
Francine Carrillo
(pasteure, théologienne, écrivaine)
Répons : J’aime mon Dieu
J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.
Annonce de la grâce
Levons-nous pour accueillir le pardon de Dieu :
Quand les montagnes s’éloigneraient,
Quand les collines chancelleraient,
Mon amour ne s’éloignera point de toi,
Et mon alliance de paix ne chancellera point,
Dit l’Éternel, qui a compassion de toi
[Ésaïe 54:10]
Chantons à Dieu notre reconnaissance !
Répons : Combien grande est ta gloire
Combien grande est ta gloire,
En tout ce que tu fais,
Et combien tes hauts faits
Sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles,
Ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur,
Tes divines merveilles !
Confession de foi
Nous croyons en toi, Dieu de la vie
Tu es à nos côtés jusque dans les jours sombres du deuil
Tu ouvres un horizon quand tout semble perdu
Et tu nous nous dis : « lève-toi et va vers toi-même »
Nous croyons en toi, Dieu de la vie,
Tu entends la plainte et le manque de l’être aimé
Tu soutiens et tu libères des liens de l’absence
Et tu nous dis : « Chaque matin sème ta semence »
Nous croyons en toi, Dieu de la vie
Tu connais la solitude et tu reprends tous les regrets
Tu consoles et tu encourages à vivre pleinement l’aujourd’hui
Et tu nous dis : « Choisis la vie, afin que tu vives »
Nous croyons en toi, Dieu de la vie
Tu donnes ta parole dans le silence laissé par l’être aimé
Tu envois les messagers de ton amour pour transformer la peine en tendresse
Et tu nous dis : « Ma bonté pour toi ne faiblira pas »
Nous croyons en toi, Dieu de la vie,
Tu peuples nos déserts de sœurs et de frères capables d’aimer
Tu inspires les liens d’amitié qui aident à vivre le présent
Et tu nous dis : « Tu es mon enfant bien aimé, en toi j’ai mis ma joie »
AMEN.
[Béatrice Cléro-Mazire]
Répons : Grand Dieu nous te bénissons
Grand Dieu nous te bénissons,
Nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons,
De concert avec les anges,
Et, prosternés devant toi,
Nous t’adorons, ô grand Roi !
Et, prosternés devant toi,
Nous t’adorons, ô grand Roi !
Doxologie :
« Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité »
Lecture de la Bible : Apocalypse 21, 1-8
1Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus. 2Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la Jérusalem nouvelle, prête comme une mariée qui s’est parée pour son mari. 3J’entendis du trône une voix forte qui disait :
La demeure de Dieu est avec les humains ! Il aura sa demeure avec eux, ils seront ses peuples, et lui-même, qui est Dieu avec eux, sera leur Dieu. 4Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu.
5Celui qui était assis sur le trône dit : De tout je fais du nouveau. Et il dit : Ecris, car ces paroles sont certaines et vraies. 6Il me dit : C’est fait ! C’est moi qui suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je donnerai de la source de l’eau de la vie, gratuitement. 7Tel sera l’héritage du vainqueur ; je serai son Dieu, et lui sera mon fils. 8Mais pour les lâches, les infidèles, les êtres abominables, les meurtriers, les prostitués, les sorciers, les idolâtres et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre : c’est la seconde mort.
Psaume : Psautier Français n°23 « Dieu mon berger », strophes 1 à 3
Prière d’illumination :
Éternel, dans cette Bible offerte à la lecture de tous par la Réforme protestante, nous venons de lire les mots qui ont inspiré la foi de ceux qui ont édifié nos communautés, Donne-nous aujourd’hui cet esprit qui interroge les mots écrits dans la Bible. Donne-nous la même liberté que celle qui a animé les artisans de la Réforme et garde-nous des certitudes qui ont pu parfois les éloigner de toi. Amen.
Orgue
Prédication : « De tout, faire du nouveau ».
Orgue
Cantique : Louange et Prière n°372 « Reste avec nous, Seigneur », strophe 1 à 4
Annonces
Offrande
Orgue
Lecture des noms des défunts :
Philippe CHARIER 26 septembre 2024
Jean-Paul LACHERET 25 décembre 2024
Jean-Claude PIOLINE 12 février 2025
Michaël EDELMANN 12 février 2025
Derk Jan ROL 10 mars 2025
Arnaud RIST 8 avril 2025
André GOUNELLE 4 mai 2025
Denise ZWILLING-OLGIATI 9 mai 2025
Bernard REYMOND 29 juin 2025
Laurent KUPPFERMAN 2 juillet 2025
Bernard MICHAUT 13 juillet 2025
Edouard OBERLI 20 juillet 2025
Frédérique COSSERON de VILLENOISY 27 juillet 2025
Marie-Thérèse MEYER 2 septembre 2025
Jean-Claude GARRETTA 4 septembre 2025
Pierre-Jean RUFF 6 septembre 2025
Gérard DEULIN 4 octobre 2025
Pierre FOUSSIER 10 octobre 2025
Ascension ALBILLA LOPEZ KOROVITCH 13 octobre 2025
Guy MASSOT 19 octobre 2025
NOTRE PÈRE
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel,
donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
aux siècles des siècles, amen.
Bénédiction de l’assemblée : …
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)
Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi
LE TEXTE DE LA PRÉDICATION
Pasteure Béatrice Cléro-Mazire , prédication pour l’Oratoire du Louvre le 2 novembre 2025.
De tout faire du nouveau : Apocalypse 21, 1-8
Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus. Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la Jérusalem nouvelle, prête comme une mariée qui s’est parée pour son mari. J’entendis du trône une voix forte qui disait :
La demeure de Dieu est avec les humains ! Il aura sa demeure avec eux, ils seront ses peuples, et lui-même, qui est Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. Celui qui était assis sur le trône dit : De tout je fais du nouveau. Et il dit : Écris, car ces paroles sont certaines et vraies. Il me dit : C’est fait ! C’est moi qui suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, je donnerai de la source de l’eau de la vie, gratuitement. Tel sera l’héritage du vainqueur ; je serai son Dieu, et lui sera mon fils.
Mais pour les lâches, les infidèles, les êtres abominables, les meurtriers, les prostitués, les sorciers, les idolâtres et tous les menteurs,
leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre : c’est la seconde mort.
Le dévoilement raconté dans le livre qui porte ce nom d’Apocalypse est par bien des côtés terrible.
Pour le rendre plus théologiquement compatible avec la théologie de la grâce promise à toutes et tous, j’aurais pu couper le dernier verset et vous faire grâce, justement, de ce verset terrible qui nous parle d’une seconde mort. Mais cela aurait été non seulement, un peu malhonnête, mais aussi dommage pour ce que ce verset nous apprend.
Dans sa charge, l’auteur mélange des comportements très variés et qui ne décrivent pas un seul type d’adversaires.
Les lâches sont sans doute ceux qui s’arrangent avec l’empire et qui sont prêts à renoncer à leur religion ou à l’adapter pour ne pas avoir d’ennui avec le pouvoir politique.
Il y a eu, dès les premiers temps, au sein des communautés de disciples de Jésus, une critique sévère des apôtres comme Paul, qui acceptaient de se soumettre à l’empire et de s’adapter pour survivre. Les infidèles sont sans doute les mêmes, additionnés à celles et ceux qui innovaient en matière de pratique religieuse et s’écartaient complètement du judaïsme.
Les êtres abominables étaient tous ceux qu’on assimile à des bêtes, dans l’Apocalypse, et qui martyrisent les disciples de Jésus. Ils sont sans doute à ajouter aux meurtriers qui tuaient les chrétiens.
Les prostitués, les sorciers et les idolâtres sont tous ceux qui ne croient pas au « vrai » Dieu et s’adonnent aux religions polythéistes et notamment les rites grecs.
Tous ces types de personnages sont voués à la disparition dans l’étang brûlant de feu et de souffre, d’après ce texte.
C’est une façon de promettre le pire à celui qu’on ne peut empêcher de nuire.
Mais le plus intéressant, est cette conclusion : « c’est la seconde mort ».
Il ne suffit donc pas que ces ennemis meurent, il faut encore qu’ils meurent une seconde fois. L’idée de cette seconde mort est liée à celle de la résurrection.
Dans un texte chrétien rien d’étonnant.
Mais l’auteur n’écrit pas que ceux-là ne ressusciteront pas ; il écrit que c’est la seconde mort, une expression que l’on retrouve dans le judaïsme quand l’âme du défunt n’a pas pu s’élever jusqu’à la résurrection et la vie éternelle.
Cette foi en la résurrection apparaît dans le judaïsme au moment où la Judée résiste à l’empire Séleucide. L’hellénisation qu’il impose à toutes les terres colonisées à partir du troisième siècle jusqu’au Premier siècle avant
J-C, est concomitante avec le développement d’une littérature apocalyptique qui s’inscrit en faux face à la culture devenue dominante.
On retrouve des traces de cette idée de résurrection, notamment dans le livre de Daniel et dans les textes apocalyptiques juifs en général.
Que l’auteur de l’Apocalypse chrétienne attribuée à Jean de Patmos, emploie ce terme n’est pas étonnant non plus, puisque son auteur est très certainement d’origine juive et connaît l’histoire des persécutions et des invasions de sa Judée d’origine.
Ainsi, jusqu’à la fin du premier siècle de notre ère et jusque dans les courants se réclamant de Jésus, les ennemis qui méritent la seconde mort sont toujours les mêmes, ceux qui ont hellénisé l’empire jusqu’à le rendre odieux aux Judéens et aux ennemis de leur religion.
Il est notoire que l’idée d’une vie éternelle après la mort s’est développée dans la période même où la littérature apocalyptique s’est développée, et donc dans un moment de l’histoire juive où la pratique de la religion était la plus malmenée.
Mais il est intéressant de voir que le judaïsme a acculturé la séparation de l’âme et du corps chère à la culture hellénistique, pour l’adapter et la réinterpréter en termes juifs sur fond d’exil et de retour sur la terre des ancêtres.
En effet, la résurrection était alors comprise comme un retour des âmes des défunts sur leur terre promise.
Il n’est donc pas étonnant, encore une fois, que les chrétiens, qui gardèrent beaucoup d’éléments de la religion juive réinterprétant à leur tour l’idée de la résurrection, en firent le signe de l’espérance même, après la mort de leur maître.
Il peut paraître inquiétant pour notre foi d’envisager que la résurrection puisse être, non pas une originalité du christianisme, mais une reprise, et une adaptation devant les persécutions et l’adversité qui entrava d’abord la nouvelle voie choisie par les juifs qui suivirent Jésus. Mais il peut aussi être enrichissant de regarder cet héritage comme un symptôme de résilience devant l’adversité.
Que faire face au deuil ?
Comment penser la mort des justes en Dieu ?
C’est-à-dire, comment penser le fait que ses coreligionnaires puissent mourir, à cause de leur foi ?
Quel sens donner à la mort de celles et de ceux qui recherchent le bien avec pour modèle : Jésus ?
Voilà donc pourquoi, il ne fallait pas éluder trop vite ce verset terrible sur la seconde mort, car elle pose le problème du jugement de chaque âme, étant considérée comme la punition de ceux qui n’ont pas suivi la Torah.
Dans le texte chrétien de l’Apocalypse écrit à Patmos, l’auteur nous propose une relecture de la résurrection.
Il ne s’agit plus d’une montée de l’âme vers Dieu, mais d’une nouvelle temporalité. Il propose un temps nouveau, une ère nouvelle dans laquelle Dieu aura sa demeure parmi les humains.
La séparation d’avec Dieu, propre à la finitude humaine n’est plus, et Dieu agit alors au cœur du monde humain pour réparer ses blessures.
« Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu ». C’est dans la disparition même que se joue la possibilité d’un nouveau temps.
Quiconque a vécu un deuil sait combien il est difficile d’accéder à ce temps spirituel où du nouveau peut advenir, après les larmes, après la douleur.
Dans un deuil, il est insupportable de se dire que les premières choses vont disparaître.
Le premier geste de survie est plutôt de retenir, de garder, de demeurer. Entre fidélité au passé et recherche de possibilités de survie, le deuil donne l’impression que vivre du nouveau ressemble à un abandon de l’être qui, avec la mort, se retrouve du côté du passé.
Comme si nous avions encore les moyens de changer quelque chose à cette histoire, à ce récit de vie dont nous avons découvert, dans un effroi, la conclusion.
Que peut être un ciel nouveau ?
Que peut être une terre nouvelle ?
En quoi consiste cette nouveauté qui permet à Dieu d’essuyer toute larme ?
Dans le contexte de l’Apocalypse, l’espérance d’un Dieu au milieu des humains correspond à celle d’une religion qui cesserait d’être persécutée pour se vivre pleinement et sans entrave.
Mais si l’on regarde le texte du point de vue de la personne endeuillée, on peut comprendre que Dieu n’est plus lointain et que le ciel et la terre se sont enfin rejoints.
Le sentiment d’abandon disparaît donc, chez ceux qui demandaient où est Dieu dans l’épreuve.
L’Apocalypse répond qu’il est descendu du ciel pour endosser la vie humaine avec les humains.
Il n’y a plus rien à attendre, puisqu’il est l’alpha et l’oméga, le début et la fin, un temps condensé en un point qui peut devenir l’éternité.
« Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus. Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la Jérusalem nouvelle, prête comme une mariée qui s’est parée pour son mari ».
C’est une nouvelle alliance entre l’être humain et son Dieu qui est décrite ici.
Et cette nouvelle alliance n’emmène pas les vivants vers Dieu, c’est Dieu qui vient à eux, et il vient dans la forme la plus aboutie qui soit à cette époque pour parler de l’humanité, il vient avec une ville.
La cité, lieu de l’urbain, de la vie ensemble, de l’organisation du monde confié à l’être humain. Ce n’est pas un jardin sauvage qui descend du ciel, mais la cité où l’on peut adorer Dieu.
La cité de la paix et de l’obéissance à Dieu qui empêche l’ubris.
La cité qui est avant tout mesure et proportion.
La nouveauté dévoilée dans l’Apocalypse n’est donc pas la fin de l’humanité déchue, la fin du désir des humains de se construire des villes, ni la fin de la terre en faveur du ciel.
La nouveauté consiste en une conversion.
Conversion du temps en éternité, conversion de la peur en foi, conversion de la sauvagerie des déportations et des invasions en villes sûres où Dieu habite. On remarquera au passage que la mer n’est plus.
Cette mer : objet de toutes les peurs, lieu de tous les dangers, cachette de toutes les forces maléfiques d’après les Anciens de l’Antiquité.
Dieu décide de faire du nouveau.
Et pour qu’il puisse faire du nouveau, il faut que les premières choses disparaissent et laissent place aux choses nouvelles naissant de cette conversion qui change le monde dans lequel nous vivons.
« A celui qui a soif, je donnerai de la source de l’eau de la vie, gratuitement. Tel sera l’héritage du vainqueur ; je serai son Dieu, et lui sera mon fils ».
Retrouver la soif. C’est peut-être ce qui est le plus difficile dans un deuil. Avoir envie de la prochaine journée, même sans l’autre.
Retrouver ce désir de vie qui permet d’évoluer dans un monde nouveau.
D’aucun diront que le monde d’avant convenait très bien et que ce nouveau que propose Dieu n’est pas souhaitable.
Sans doute, mais le monde d’avant n’est plus quand l’autre ne le constitue plus avec soi, il faut donc se résoudre à accepter d’en inventer un nouveau, où l’autre existe autrement, dans une existence d’un nouvel ordre.
Le monde nouveau que propose Dieu est un monde où l’intérieur devient modalité de l’extérieur.
Où l’éternité spirituelle qui fait du temps un toujours, donnerait sa forme à la vie réelle et matérielle marquée par la finitude.
Là où l’espace et le temps sont les conditions de notre perception du monde, la conversion que Dieu propose y substitue l’infini et l’éternité. Une liberté nouvelle, qui permet de transformer la finitude, l’absence et la douleur en éternité, en demeure et en confiance.
« Et il dit : Écris, car ces paroles sont certaines et vraies. Il me dit : C’est fait ! C’est moi qui suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. » Dans la disparition des choses premières, Dieu ordonne à son voyant d’écrire, d’écrire une vérité pour ne pas qu’elle se perde, dans l’effort de conversion que sa vision l’amène à faire. Écrire, ne garder que ce qui nous apparaît vrai, seulement ce qui restera éternellement vrai.
Sans doute est-ce cette écriture intime qu’il nous faut entreprendre dans le deuil, accepter de perdre un monde pour ne garder que la trace de ce qui y était déjà éternel dans notre relation à l’autre.
La perte n’est plus, la trace demeure.
Dieu fait du nouveau en ce qu’il permet de regarder d’un nouveau point de vue notre vie après la mort de l’être aimé.
Et il nous encourage à écrire cette nouvelle vision du monde où l’autre prend du champ et ouvre une perspective nouvelle sur l’existence.
Ce n’est pas notre vie qui a un début et une fin, c’est Dieu qui est le début et la fin. Nous sommes délivrés de la finitude et le monde nouveau harmonise l’existence des vivants avec celle les morts.
La résurrection est affaire de résilience, de nouvelle façon d’appréhender son histoire.
Le voyant de l’Apocalypse fait l’expérience de la transformation que produit en lui l’écriture de sa foi. Il découvre le nouveau que fait Dieu à partir de sa vie décantée des choses premières.
Et si la résurrection était cette écriture au fond de nous qui transforme la perte en signe ?
AMEN.
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L'ENSEMBLE DU CULTE EN VIDEO
Soyez les bienvenus au culte, tous les dimanches à 10H30, 145 rue St Honoré, Paris 1.