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Culte du dimanche 29 juin 2025
Prédication de Béatrice Cléro-Mazire.
Vidéo de la partie centrale du culte
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1222ᵉ jour de la guerre en Ukraine
« La bonne nouvelle dans un geste »
Culte d’anniversaire des 120 ans du CASP
Culte avec Cène présidé par la pasteure Béatrice Cléro-Mazire
Culte accompagné à l’orgue par Sarah Kim, co-titulaire
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Liturgie
Prédication
Liturgie
Paroles des chants du Culte du 29 juin 2025
Psaume : Le Psautier français n° 72 « Revêts, Seigneur de ta justice », strophes 1 à 3.
[Pour écouter, cliquer ICI]
1 – Revêts, Seigneur, de ta justice 2 – Qu’il règne sur toute la terre,
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3 – Comme l’ondée il renouvelle,
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Cantique : Louange et Prière n°170 « Viens habiter dans nos âmes », Strophes 1 & 2
Strophe 1 Strophe 2
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Psaume : Psautier français n°42 « Comme un cerf altéré brame », strophes 1 à 4, 7, 8
[Pour écouter, cliquer ICI]
1 – Comme un cerf altéré brame, 2 – Mon seul pain ce sont mes larmes, 3 – Mais pourquoi pleurer mon âme 4 – Quand les flots qui me recouvrent
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7- Tu es seul ma forteresse ;
8 – Dans ma nuit mets ta lumière,
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Cantique : Louange et Prière n° 150 « A toi la gloire », strophes 1 à 3
[Pour écouter, cliquer ICI]
Strophe 1 Strophe 2
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Et redis sans cesse Strophe 3
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Paroles des répons du temps de l’Église (avec Cène)
Après la salutation
Répons : « Bénissons Dieu le seul Seigneur » (Ps. 134, str.1)
Bénissons Dieu le seul Seigneur,
Nous qu’il choisit pour serviteurs.
Levons nos mains dans sa maison,
Pour bénir et louer son nom.
Après la volonté de Dieu
Répons : « Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute » (L&P n°193, str.1)
Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis.
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route,
Et les jours et les nuits.
Après la prière de repentance
Répons : « J’aime mon Dieu, car il entend ma voix ». (Ps. 116, str.1)
J’aime mon Dieu car il entend ma voix,
Quand la frayeur ou le tourment m’oppresse,
Quand j’ai prié au jour de ma détresse,
Dans sa bonté, il s’est tourné vers moi.
Après l’annonce de la grâce
Répons « Combien grande est ta gloire » (Ps 92 selon L&P n° 38 str.2)
Combien grande est ta gloire, en tout ce que tu fais,
Et combien tes hauts faits sont dignes de mémoire !
Tes œuvres sans pareilles ont réjoui mon cœur,
Je veux chanter, Seigneur, tes divines merveilles !
Après la confession de foi Répons : « Grand Dieu, nous te bénissons » (L&P n°69, str.1)
Grand Dieu, nous te bénissons, nous célébrons tes louanges,
Éternel, nous t’exaltons, de concert avec les anges,
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Et prosternés devant toi, nous t’adorons, ô grand Roi !
Cène
« Pare-toi pour une fête» (L&P n°205, str. 1&2)
Strophe 1
Pare-toi pour une fête
O mon âme tiens-toi prête
Monte plus haut que la terre
Vers la céleste lumière.
Ton Seigneur t’offre une place
Au grand banquet de sa grâce ;
Ce Maître au pouvoir immense
Avec toi fait alliance.
Strophe 2
Jésus, ta voix nous convie
A ce festin de la vie ;
En ce lieu tout me retrace
Les prodiges de ta grâce ;
Fais qu’aujourd’hui je contemple
Tes charités sans exemple,
Avant de me nourrir d’elles
A tes tables éternelles !
Après la bénédiction
Répons : « Confie à Dieu ta route » (L&P n°309, str.5)
Bénis ô Dieu nos routes, nous les suivrons heureux,
Car toi qui nous écoutes, tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres, j’y marche par la foi,
Même au travers des ombres, ils conduisent à toi.
Lecture de la Bible
Evangile selon Marc, chapitre 14, versets 3 à 9 [NBS]
L’onction à Béthanie
3 Comme il était à Béthanie, chez Simon le lépreux, une femme entra pendant qu’il était à table. Elle tenait un flacon d’albâtre plein d’un parfum de nard pur, de grand prix ; elle brisa le flacon et répandit le parfum sur la tête de Jésus.
4 Quelques-uns s’indignaient : A quoi bon gaspiller ce parfum ?
5 On aurait pu vendre ce parfum plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres. Et ils s’emportaient contre elle.
6 Mais Jésus dit : Laissez-la. Pourquoi la tracassez-vous ? Elle a accompli une belle œuvre à mon égard ;
7 les pauvres, en effet, vous les avez toujours avec vous, et vous pouvez leur faire du bien quand vous voulez ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours.
8 Elle a fait ce qu’elle a pu ; elle a d’avance embaumé mon corps pour l’ensevelissement.
9 Amen, je vous le dis, partout où la bonne nouvelle sera proclamée, dans le monde entier, on racontera aussi, en mémoire de cette femme, ce qu’elle a fait.
Il est des gestes qui ne s’oublient jamais. Il y a des gestes politiques comme La gifle de Beate Klarsfeld claquant contre l’allégeance nazie sur la joue de Kiesinger le 7 novembre 1968 ou la main de François Mitterrand se glissant dans celle d’Helmut Khol le 22 septembre 1984 devant l’ossuaire de Douaumont. Il y a des gestes prophétiques, comme celui de Moïse levant son bâton devant la Mer Rouge ; des gestes terrifiants, des gestes humiliants, et puis il y a des gestes qu’on ne comprend pas, pas tout de suite, ou même, des gestes qu’on fait sans savoir pourquoi, sans comprendre leur portée.
Et puis il y a le geste de cette femme, qui arrive seule au milieu d’un cénacle sans doute majoritairement masculin et qui brise un flacon d’albâtre pour répandre un parfum très cher sur la tête de celui qui est sans doute le centre d’attention de toute l’assemblée.
Geste impromptu, geste radical, sans retour possible, et geste incompréhensible, puisque les amis de Jésus présents ce jour-là diront leur indignation de voir un tel gaspillage se faire sous leurs yeux.
Aujourd’hui, nous fêtons un anniversaire. On peut discuter la date de la naissance de cette initiative associative, rechercher ses origines jusque dans les ordonnances ecclésiastiques du réformateur protestant Jean Calvin où « l’office des diacres est d’avoir la sollicitude des pauvres », ou encore dans les registres du Consistoire de Paris qui portent les indices d’un « secours aux pauvres » ou bien en 1816, lors de la première assemblée d’un « Diaconat général ». On peut inscrire cet anniversaire dans l’histoire de « l’Association de Bienfaisance parmi les protestants réformés de Paris et du Département de la Seine », fondé en 1905 et y associer la fondation, en 1911, de la Clairière : ce qui importe ici, ce n’est pas l’estampille de telle ou telle institution protestante, mais le geste que ces initiatives posent dans notre société à des époques différentes pour des publics chaque fois différents mais toujours identifiés de la même façon depuis les temps bibliques : « les pauvres » de notre société.
Ce mot générique « substantialise » une grande diversité de situations humaines qui n’ont parfois pas grand chose à voir les unes avec les autres. Pourtant « les pauvres » ont été ainsi rassemblés, à toutes les époques, dans ce groupe social indéterminé et pourtant nommé. La Bible parle déjà des pauvres comme nous l’avons vu dans le texte que nous avons lu. Les chercheurs en sciences bibliques pensent même que Jésus de Nazareth avait comme particularité, parmi les sages de son temps, d’être celui qui parlait pour les « anawim » de sa société, c’est-à-dire celles et ceux qui vivaient en marge de la société à cause de leur situation financière, de leur handicap, de leur origine, de leur appartenance religieuse ou de leur rang dans la hiérarchie sociale. Mais, à chaque fois, Jésus ne s’adresse pas à ces personnes comme à une masse informe de gens qui n’auraient pas d’identité propre ; au contraire, il les singularise et les voit au-delà de l’étiquette que la conscience sociale leur attache. Il les voit à travers les poussières, à travers les milliers de petits obstacles qui font qu’on ne regarde plus leur visages, qu’on n’entend plus leur parole, qu’on ne respecte plus leur liberté et leurs aspirations.
Dans la Bible, ceux qui s’occupent des personnes en situation de précarité sont appelés les diacres ; ce mot vient du grec et signifie à travers la poussière. Être diacre, c’est donc être capable de traverser les circonstances qui sont à l’origine de la précarité pour aller à la rencontre d’un être humain singulier et unique, qui ne peut être séparé de toutes les circonstances qui font sa vie, mais qui ne se résume jamais à toutes ces circonstances.
Alors, vous voyez, on peut remonter jusqu’à ces temps antiques pour retrouver les origines du CASP, car c’est bien le même esprit qui anime celles et ceux qui accueillent l’autre dans sa particularité, singularité, sans l’objectiver sous le vocable de « pauvre ».
Aujourd’hui, nous fêtons donc l’anniversaire et nous disons notre reconnaissance pour ce geste qui consiste à aller secourir celui ou celle qui tombe sous le coup de circonstances subies, celles qui l’empêchent de vivre librement sa vocation d’humain.
La vocation du CASP, l’appel qui lui est adressé, c’est d’accompagner, d’héberger et de loger plus de 90000 personnes par an au sein des 85 structures et dispositifs créés au fil des ans pour répondre aux besoins des personnes les plus précaires de notre société . Plus de 500 familles, 1500 enfants, des personnes de tous horizons qui, sans cette association, resteraient dans la rue, sans abri. Le Centre d’Action Social Protestant a pour vocation de lutter contre l’inacceptable.
La campagne d’appel aux dons du CASP en 2023-2024 disait : « plus de gestes, plus d’humanité ». On peut lire ce slogan de deux façons : « davantage de gestes, davantage d’humanité » ou bien : « plus du tout de geste, donc, plus du tout d’humanité ». Dans les deux cas, il s’agit de poser un geste contre cet inacceptable qu’est la grande précarité humaine dans nos sociétés, de poser un geste pour dire non au fatalisme et transformer ainsi la situation de celles et de ceux qui en ont besoin et ne pourraient que difficilement y parvenir seuls.
Alors, est-ce compatible avec la déclaration de Jésus dans l’Évangile que nous avons lu ce matin : « des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours ». Pourquoi affirmer que rien ne changera du côté de la pauvreté ? Et pourquoi mettre dans la balance sa mort prochaine et la vie de toutes ces personnes dont la pauvreté semble éternelle ? N’est-ce pas scandaleux ?
Cette provocation de Jésus répond à une attitude plus scandaleuse encore des amis de Jésus qui disent « À quoi bon avoir gaspillé ce parfum ? On aurait pu le vendre plus de 300 pièces d’argent et les donner aux pauvres ! ». Bien que rationnelles et à première vue louables, ces considérations montrent comment les disciples de Jésus considèrent la pauvreté et la façon de la prendre en charge. Sans doute, avec trois cents pièces d’argent fait-on beaucoup de bien pour beaucoup de personnes à l’époque de Jésus. Mais ce geste qu’a fait cette femme ne se monnaye pas de la sorte, il sort du cadre comptable, il est au-delà de la pauvreté et des circonstances réelles. C’est un geste de générosité pure, un geste qui traverse l’actualité de Jésus pour aller atteindre, à travers la poussière qui brouille la vue des disciples, la véritable vocation de cet homme qui est là aujourd’hui et qui a vocation à inspirer des générations et des générations au-delà de sa mort. Le geste de cette femme ressemble à un geste funéraire, car elle répand du nard, qui servait à embaumer les mort, procède à la façon dont on parfumait les morts, mais l’huile parfumée sur la tête est aussi le signe de l’onction royale, ou celle que recevaient les prophètes. Elle fait ce geste polysémique sur un vivant, et ainsi, elle montre que même la mort ne pourra pas anéantir ce que cet homme représente de précieux et d’irremplaçable. Elle installe Jésus dans l’éternité.
Comme toute vie humaine, la vie de Jésus ne vaut pas trois cents pièces d’argent, elle vaut infiniment plus, elle n’a pas de prix. Alors, un flacon d’albâtre d’un parfum précieux n’est pas suffisant pour signifier la valeur de cet homme dont cette femme sait qu’il va mourir et qui refuse qu’on l’oublie comme quantité négligeable. N’est-ce pas un geste de haute humanité que d’accomplir des rites funéraires pour que les êtres qui quittent cette vie ne soient pas oubliés comme des choses ?
Entre vie et mort, cette femme a posé un geste qui élève un homme à l’éternité.
Les disciples de Jésus n’ont pas compris que ce qui donne la valeur aux êtres : ce qui leur donne leur humanité et leur caractère irremplaçable, ce n’est pas combien représentent leur moyens de subsistance, mais ce qu’on est prêt à donner pour qu’ils existent.
Les bannis de nos sociétés sont invisibilisés, ils se retranchent sous les ponts, dans les forêts urbaines, sur les terrains vagues non identifiés, dans les couloirs de métro retirés de la vue des passants. Ils s’assoient sur les trottoirs où leur visages n’ont plus de vis-à-vis sauf venus d’en hautet se font oublier sous des cartons pour arriver à fermer l’œil au moins quelques heures.
Alors, le premier geste à faire pour refuser cet inacceptable, c’est de faire de la place au centre, c’est de créer des espaces où habiter sans se cacher, c’est de donner de l’intimité à des corps dont la seule maison a parfois été le vêtement. Rendre la terre habitable pour les « anawim » des temps modernes.
Donner une place qui les honore comme on honore celui qu’on place au centre parce qu’il a des choses à dire, des expériences à partager, des histoires à raconter, des projets à accomplir, voilà la vocation toute biblique du CASP.
Dans le livre du prophète Esaïe, il est écrit : « grâce à toi on rebâtira sur les ruines d’autrefois, tu relèveras les fondations des générations passées ; on t’appellera « celui qui répare les brèches », « celui qui restaure les sentiers pour rendre le pays habitable ».
C’est ce que fait le Centre d’action social Protestant depuis que cet esprit l’anime. Plus de Gestes, c’est aussi plus de liberté, et c’est dans cette inlassable conquête de la liberté que tous les travailleurs sociaux du CASP sont engagés, car avoir la liberté de poser des gestes, c’est retrouver la véritable autonomie, celle qui permet de reprendre le pouvoir sur sa propre vie. Dans les gestes du quotidien, dans les gestes jamais essayés et tout à coup maîtrisés, dans les gestes gratuits, les gestes volontaires, les accueillis des structures du CASP s’approprient ce dont les circonstances les avaient privés. Alors, bien sûr, ces gestes ne peuvent pas et ne doivent pas être uniquement tournés vers l’efficacité ou la rentabilité : ils sont comme ce geste de la femme au parfum, des gestes dont la portée est bien plus vaste, dont la signification est bien plus profonde. Se mettre à faire du sport, prendre soin de sa peau, de son visage, créer des vêtements, faire de la musique, de la cuisine, aller au musée, tous ces gestes ne règlent pas tous les problèmes socio-économiques bien sûr, mais ils transforment ceux que nos sociétés appellent « les pauvres » en êtres de désir, en vis-à-vis debout, en personnes à part entière.
Alors, à côté de toutes les tâches qui coûtent 300 pièces d’argent et permettent de subvenir aux besoins élémentaires d’une vie humaine, le CASP sort du cadre des besoins et pose les gestes qui sauvent l’humanité que la précarité invisibilise.
Parce que nous sommes plus précieux que ce qui comble nos besoins, parce que c’est la libéralité d’un geste qui rend vraiment libre et humain.
Bon anniversaire aux gestes qui sauvent notre humanité !
AMEN.
Vidéo du culte entier
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