LA LITURGIE

Textes de la liturgie 

 

Orgue

 SALUTATION ANNONCE DE LA GRÂCE INVOCATION

La grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en son Fils Jésus le ressuscité .

Frères et soeurs, bienvenu.e.s dans votre Eglise. Que ce moment de culte puisse vous nourrir et vous aider dans votre semaine.(+ internet )

Nous bénissons notre Dieu, qui nous accueille, dans sa maison

Réunissons-nous avec le 1er chant du livret inséré au début du psautier.

 

Chant spontané Bénissons D. le seul Seigneur » (Ps. 136).

 

LOUANGE

« Si un homme mange et boit et jouit du bien-être au milieu de tout son travail, c’est là un don de Dieu » écrit l’auteur de l’Ecclésiaste.

Remercions notre Dieu, si nous voulons avoir la joie, parce que le remercier pour tout ce que nous avons reçu nous permet de réaliser simplement, que nous l’avons reçu et d’en être heureux. Louons, remercions Dieu, et découvrons notre vie d’une autre façon.

Invités dans l’assemblée de Dieu, après avoir découvert nos frères et sœurs qui ont été aussi invités, après l’avoir remercié pour nous avoir réunis, nous pouvons maintenant lui demander de rester à nos côtés et de continuer à nos orienter. Ainsi, nous pouvons nous relever et chanter le Psaume indiqué « écoute-moi Seigneur, quand je crie »

Psaume 61 strophes 1, 2,3 Écoute-moi quand je crie

 

VOLONTÉ DE DIEU

Nous découvrons une expression de la volonté de Dieu dans l’évangile de Jean avec cette parole de Jésus

« La volonté de mon Père c’est que je ne perde rien de ce qu’il m’a donné » (Jean 6,39-40).

Nous qui sommes de ce Christ, nous sommes invités, si nous nous sentons perdus, à méditer cette parole. Nous étions peut-être perdus, mais nous avons été retrouvés. Nous étions peut être morts, mais nous avons été relevés.

Chant spontanéParle, parle Seigneur, ton serviteur écoute

 

REPENTANCE ( prière ou texte biblique )

Mon Dieu, ta parole s’adresse à moi, tu t’adresses à chacun de nous comme une mélodie aimante depuis les temps anciens, et si souvent, nous ne l’entendons pas

Tu offres une eau claire pour étancher ma soif, pour calmer notre soif à tous, et si souvent nous ne buvons pas à ta source, passant à côté sans avoir même attention à son insistante prière sonore.

Éternel, tu prends soin de moi, tu prends soin de chacun de nous, et nous, si souvent nous bousculons les autres pour leur prendre leur place, ou nous passons auprès de celui qui a besoin d’aide sans le voir. Seigneur, jusqu’à quand, mon incohérence?

Viens toi-même retrouver en nous ce qui est perdu, viens au secours de notre faiblesse, et calmer nos terreurs face au mal qui semble souverain

Merci pour ta présence qui vient déjà exaucer notre prière et que ton règne vienne.

Chant spontanéJ’aime mon Dieu car il entend ma voix

 

ANNONCE DE LA GRÂCE OU PARDON

Que tous ceux qui se tournent vers Dieu avec confiance reçoivent de lui la certitude de son amour.

Voici ce que déclare l’Éternel :

Je ne désire pas la mort du pécheur,

mais qu’il puisse changer et vivre. (Ézéchiel 18:32)

Chant spontané O que c’est chose belle

 

CONFESSION DE FOI

Je crois en Dieu, notre Père créateur du ciel et de la terre créateur des choses visibles et invisibles Souverain dans l’aveuglante proximité du Réel Je crois en Jésus-Christ comme son fils bien-aimé notre Seigneur venu nous parler De la vérité au milieu du chemin et de la vie Je crois en l’Esprit Saint inspiration pour le peuple et dans nos consciences faisant de nous des affranchis Je crois au Règne de Dieu à l’amour plus fort que la mort et à la vie éternelle Amen

Chant spontané Grand Dieu nous te bénissons

 

Doxologie : « Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité ».

 

LECTURE LUC 11, 1 À 13

1 Il priait un jour en un certain lieu. Lorsqu’il eut achevé, un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean aussi l’a enseigné à ses disciples. 2 Il leur dit : Quand vous priez, dites :

Père,

que ton nom soit reconnu pour sacré,

que ton règne vienne !

3 Donne-nous, chaque jour, notre pain pour ce jour ;

4 pardonne-nous nos péchés,

car nous aussi, nous remettons sa dette à quiconque nous doit quelque chose ;

et ne nous fais pas entrer dans l’épreuve.

5 Il leur dit encore : Qui d’entre vous aura un ami chez qui il se rendra au milieu de la nuit pour lui dire : « Mon ami, prête-moi trois pains, 6 car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir. » 7 Si, de l’intérieur, l’autre lui répond : « Cesse de m’importuner ; la porte est déjà fermée, mes enfants et moi nous sommes au lit, je ne peux me lever pour te donner des pains », 8– je vous le dis, même s’il ne se lève pas pour les lui donner parce qu’il est son ami, il se lèvera à cause de son insistance effrontée et il lui donnera tout ce dont il a besoin.

9 Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. 10 Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira. 11Quel père parmi vous, si son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu d’un poisson ? 12 Ou bien, s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? 13 Si donc vous, tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l’Esprit saint à ceux qui le lui demandent!

Cantique L&P 213, strophes 1,2,3, Gloire à ton nom

 

PRIÈRE D’ILLUMINATION

À toute heure, le soir, le matin et à midi, Dieu de bonté, ta miséricorde ne s’achève pas.

Seigneur, nous te remercions de nous avoir réunis en ta présence, pour nous révéler ton amour . Fais taire en nous toutes les voix parasites qui nous peuplent. Ouvre, par ton Esprit, nos esprits et nos cœurs à ta vérité. Au nom de Jésus-Christ. Amen Père éternel, tes grâces ne tarissent jamais,
Depuis toujours nous espérons en toi.

Orgue

 

PRÉDICATION

Silence

 

Orgue

Cantique L&P 214 strophes 1 et 2 Sur ton Église Universelle

Annonces et Collecte ( faites par les conseillers )

Liturgie de la Cène

PRÉFACE

C’est notre joie et notre salut de te rendre grâces en tout lieu, Dieu Père éternel par Jésus-Christ, notre Seigneur, pour ta création et pour ton amour rédempteur. C’est pourquoi nous chantons

Chant spontané assis Pare-nous pour cette fête str. 1

 

 INSTITUTION

Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps.

Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous

 

PRIÈRE D’INTERCESSION

Père, autour de cette table, nous faisons mémoire des paroles et des gestes de Jésus-Christ. Il n’y a ici qu’un peu de pain et un peu de vin. Envoie sur nous ton Esprit-Saint au cœur de notre vie. Nous venons vers Toi, en nous approchant de ta table. Nous te demandons de nous unir à Toi, comme les sarments à la vigne. Apprends-nous à nous aimer, comme Toi tu nous as aimés. Qu’ainsi, avec l’Eglise Universelle, nous trouvions la consolation et la joie en Toi, Seigneur.

Les uns pour les autres, nous te prions. Nous te prions pour la consolidation de notre dignité dans la prise de conscience que celle-ci est indissociable de la dignité que nous envisagerons pour tout être humain. Nous te prions pour la consolidation de notre désir de justice dans notre capacité de lutter pour que celle-ci s’applique pour tout être humain et aussi à tout être humain, dans les termes d’un état de droit démocratique.

Nous te prions pour les familles endeuillées qui se sont réunies ici vendredi ou qui viendront mardi.

Pour toute notre assemblée, nous élevons notre prière. Bénis cette église, écrin fragile de la transmission de ta bonne nouvelle gracieuse. Rends la ardente, préserve sa lucidité, augmente sa singularité et aussi son attractivité, insuffle-lui des idées pour ses futurs chemins. Suscite lui des prophètes contemporains, qui ne se prennent pas pour des prophètes, mais qui sauront comme eux et elles, parler devant. Dire devant le monde combien la nécessité de changement est grande pour qu’enfin ta parole prenne corps non seulement dans nos vies singulières, mais pour l’humanité qui vient.

Notre Père

Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.

Chant spontané Pare-nous pour cette fête str.2

 

 INVITATION

Le Seigneur dit : Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi.

Voici que vous avez trouvé grâce devant Dieu.

Venez et goûtez combien le Seigneur est bon.

Venez, car tout est prêt.

 

FRACTION

 

COMMUNION

 

LOUANGE : Mon âme, Seigneur ne veut n’oublier aucun de tes bienfaits

 

BÉNÉDICTION

Allez maintenant annoncer l’Evangile en paroles et en actes. Ayez soif de justice, d’amour et de paix.

Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu notre Père, et la consolation du Saint-Esprit soient et demeurent avec vous tous, présents ou absents, visibles ou invisibles, pour le temps et pour l’éternité. Amen.

 

Chant spontané Bénis ô Dieu nos routes

 

Orgue

LE TEXTE DE LA PRÉDICATION

Texte de la prédication donnée à l’Oratoire du Louvre, le dimanche 27 juillet 2025,

par le pasteur Robert Philipoussi.

Le texte biblique sur lequel elle s’est appuyée est : LUC 11, 1-13

DONNE-NOUS !

 

Si on ne se basait que sur ce texte pour chercher une définition de la prière, on arriverait rapidement à la conclusion que d’abord la prière, c’est une demande.

Non, ce n’est pas si évident. Pour beaucoup, la prière est une méditation, un état mental, voire une aura psychique que l’on déposerait sur tous nos actes y compris quotidiens: agir, ce serait prier. Pour d’autres, prier ce serait essentiellement louer, remercier. Pour d’autres encore c’est chanter qui serait prier deux fois.

Mais selon notre texte où Jésus présente la prière modèle, prier, ce sont des mots pour dire des demandes.

Ici, mais aussi dans le texte- on va dire parallèle- de Matthieu, celui qui a été choisi pour un usage liturgique et qui commence par Notre Père qui es aux cieux- il est clair que prier, c’est d’abord demander; mais c’est le faire d’une façon effrontée, impudique, impudente, je dirais sans vergogne. Cette petite liste de synonymes pour simplement évoquer toute la valeur du mot qui a été traduit dans notre version du jour par « insistance effrontée ».

Prier, selon la première catéchèse chrétienne qui s’appuie sur le modèle présenté par Jésus: c’est insister et c’est aussi n’avoir aucune honte à le faire. Certes, cette prière ressemble au Kaddish juif, (mot qui veut dire sanctification), prière dont la formulation n’est pas forcément plus ancienne, mais les demandes dans la prière modèle proposée par Jésus y sont beaucoup plus explicites.

Luc est le seul des quatre évangélistes à réellement construire une catéchèse sur le thème de la prière: la demande des disciples enseigne-nous à prier devient pour les premières églises l’introduction probable d’un « cours » de catéchèse destinés aux nouveaux convertis.

D’ailleurs, même aujourd’hui, ce texte de Luc peut servir de base à un cours contemporain de catéchisme. Et aussi, les paraboles qui suivent la réponse de Jésus peuvent aussi fournir plein d’idées d’illustrations: l’homme qui tambourine à la porte d’une maison en pleine nuit et qui réveille tout le monde, le poisson et le serpent, l’oeuf et le scorpion! Un bonheur pour les petits dessinateurs !

Car Luc est aussi le seul à relier la réponse de Jésus à ces petites paraboles (1), des paraboles assez drôles, il faut en convenir. Ces paraboles sont ce qu’on appelle en matière biblique un bien propre de Luc. Elles font penser à un autre des ses biens propres: la parabole du juge et de la veuve en Luc 18, où le thème de l’insistance effrontée, celle d’une veuve vis-à-vis d’un juge, est tout aussi flagrant.

On convient en général que la version de Luc de cette prière modèle est plus ancienne que la version de Matthieu; qu’elle provient d’une autre source et certains disent sans preuve mais qu’elle serait plus proche de ce qu’aurait dit Jésus. Quelques différences que je vous donne sans trop de commentaire: Père, dans Luc et pas Notre Père – mais l’adresse directe à Dieu comme son père est on le sait très originale et jusqu’à preuve du contraire, reste une spécificité de Jésus qui se trouve dans les deux versions. Peut-être que la mention chez Matthieu de Notre devant Père a facilité son usage liturgique donc collectif. On remarque aussi que chez Luc le Père n’est pas aux cieux, qu’il y a moins de demandes et que la prière est plus sobre et plus ramassée.

Mais ce qui est vraiment surprenant, c’est le passage d’une certaine emphase dans le texte de la prière qui débute ainsi chez Luc: Père, que ton nom soit reconnu pour sacré, à l’atmosphère de ces paraboles qui si, comme toutes les paraboles de Jésus, ne contiennent rien de sacré, ni aucune mention de Dieu, nous obligent tout de même à voir par exemple l’ami qui ne veut pas ouvrir sa porte, comme une figuration de Dieu. Nous oblige, nous lecteurs attentifs, à voir Dieu dans cette petite maison d’1 seule pièce, avec toute sa famille endormie et qui refuse d’emblée de débarrer sa porte, qui refuse a priori de se lever de son lit pour donner trois pains en pleine nuit à un ami qui est en peine de nourrir un autre ami (oui, il y a trois amis dans cette parabole, ce qui pourrait d’ailleurs interroger le fameux adage qui dit que les amis de mes amis sont mes amis, sauf s’ils deviennent le prétexte de me réveiller en pleine nuit).

Oui c’est surprenant que dans ce texte Jésus invite ses disciples, et Luc fait du catéchisme en ce sens, à insister sans honte devant Dieu, à ne pas le laisser tranquille. À le réveiller.

En filigrane se dessine ainsi une image de Dieu très particulière, que des habitudes de médiation de l’église nous rendent difficile à apercevoir, à savoir celle d’un Dieu d’emblée récalcitrant, et même endormi, mais qui sera quand même capable de changer d’attitude si on insiste vigoureusement pour qu’il se réveille pleinement.

Il ne s’agit pas ici d’une prière que je qualifierai de révérencielle, dont la courbure de notre corps priant serait la marque. Ce n’est pas ici le Dieu auquel on pense quand on pense à la prière.

C’est surprenant d’ouvrir les yeux sur ces textes et tout à coup de réaliser pleinement, y compris dans la version plus connue de Matthieu, que nous avions sous nos yeux une liste d’ordres directement adressés à Dieu.

Prenons la prière plus connue, celle de Matthieu : que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite (mais c’est notre volonté à nous qu’elle le soit, puisque nous le demandons), sur la terre comme elle l’est au ciel, sous entendu, dans ton ciel elle l’est mais pas chez nous. Donne-nous notre pain, pardonne nos offenses, ne nous laisse pas entrer dans l’épreuve, délivre nous du mal ! Uniquement des ordres (sachant que la doxologie finale (le règne la puissance et la gloire) ne figure pas dans les manuscrits les plus anciens).

Uniquement des demandes effrontées.

On aurait envie d’extrapoler – mais je m’y garderais bien – et d’émettre l’hypothèse que ce mouvement des croyants au Christ des origines étaient un mouvement effronté. Un mouvement qui va simplifier assez brutalement les règles précédentes.

Et un mouvement qui dit dans son catéchisme originel que respecter Dieu, c’est croire en lui et c’est aussi, puisqu’Il existe et que donc Il est là, et à cause de cette nouvelle familiarité dans laquelle vivait Jésus, lui demander directement, à ce Père, comme s’il s’agissait de rappeler à son père les devoirs qu’il a envers nous, ses enfants, ce dont nous avons besoin.

Car ces ordres effrontés présentent des besoins. Et j’insiste sur ce point.

D’après ce texte, la prière n’est pas basée sur nos souhaits «  je souhaite qu’il y ait la paix dans le monde et je prie pour cela » , mais sur nos besoins. D’où la demande de pain. D’où la demande de pain pour notre ami. Parce que j’ai besoin de pain de pouvoir accueillir. J’ai besoin aussi que mes péchés soient pardonnés car sinon toute mon existence sera entravée par la culpabilité.

Mais ai-je vraiment besoin, quand je ne suis pas directement victime de la guerre, qu’il y ait la paix dans le monde ?

Peut-être faudrait-il apprendre, par exemple, à convertir notre souhait de la paix en besoin vital. Ou alors, il faudrait cesser de prier des souhaits. Comment aussi convertir mon souhait de justice en besoin de justice. C’est sans doute tout l’enjeu d’une véritable catéchèse chrétienne.

J’espère vous avoir fait percevoir une toute petite partie de ce qu’on pourrait dire ce sur texte. J’ai choisi en revanche de ne pas m’attarder sur le modèle de l’ a fortiori qui structure les sortes de paraboles sur les pères qui ne donne ni serpent ni scorpion à leurs enfants qui demandent du poisson ou un œuf. Puisque si les pères ne font pas ça, tout méchant qu’ils sont, à plus forte raison Dieu… Le raisonnement a fortiori n’est pas satisfaisant, et l’exemple pris ici de plus est naïf, car il y a des pères qui hélas donnent des serpents ou des scorpions. On a vu Jésus plus inspiré. Ça sent la rhétorique scolaire à plein nez. À croire qu’un rédacteur supplémentaire y aurait mis sa patte.

Je préfère nettement la parabole de l’ami importun. Elle illustre parfaitement cette attitude que devrait adopter une personne qui veut prier. Debout, insistant, effronté. Connaissant ses besoins et n’ayant aucun honte à les dire à son Dieu. Cela pourrait réveiller mon instinct de priant. Je préfèrerais prier, si toutefois je veux prier, de cette façon. Droit, exigeant et pas courbé car je pense que mes demandes sont légitimes. Donne-nous !

Mais. Et ce « mais » fera la conclusion ouverte de cette prédication. Mais, je ne suis tout de même pas pleinement satisfait de l’image de Dieu qu’entraîne cette façon de voir les choses.

Elle m’est utile parce qu’elle renouvelle ma problématique de la prière, mais tout à coup, je revois ce Monsieur dans sa petite maison qu’il ne veut pas ouvrir pour son ami. Je repense aussi à ce juge qui ne veut pas donner son droit à cette veuve.

Et ces deux hommes-là, cet homme qui ne veut pas ouvrir et ce juge qui ne veut pas rendre justice, ne me font pas réellement penser à Dieu, ils me font en fait plutôt penser à moi, à nous.

Et cet ami et son insistance pour qu’on lui donne trois pains pour avoir la possibilité d’un partage, et cette veuve qui irait selon le texte de Luc jusqu’à « casser la tête » de ce juge (littéralement d’ailleurs lui faire un œil noir, donc lui porter un coup à l’oeil) , me font penser à Dieu. Du moins cette version de Dieu a ma préférence, quand je l’imagine nous prier de façon très insistante pour qu’enfin nous ouvrions notre cœur à l’autre et à la possibilité du partage et de la justice.

Je nous vois, nous, beaucoup résistant aux assauts priants de ce Dieu éventuel, je nous vois laisser cet ami tambouriner sur la porte et puis finalement se fatiguer et puis repartir. Qu’est-ce qui s’est passé papa ? Rien, rendormez-vous.

Je nous vois aussi trouver le moyen d’échapper à cette veuve, et d’être enfin tranquille, car des veuves, il y a en a tellement, je ne peux pas m’occuper de toutes, et puis j’ai d’autres choses à faire, d’autres gens, plus importants, à aller voir.

Je voulais simplement ce matin partager avec vous une seconde possibilité de faire vibrer ce texte.

La première est pleinement légitime. Elle est conforme à la logique du texte. Et le cantique que nous allons chanter tout à l’heure suit le modèle car il sera aussi constitué de prières effrontées: sur ton église universelle, que ta grâce paternelle, Seigneur se répande en ce jour, tes enfants avec confiance, partout fléchissent les genoux (certes) mais ne confonds pas leur espérance, Seigneur sois au milieu de nous, des promesses de ta parole, daigne te souvenir: ça c’est effronté ! On ne sait rend pas assez compte de l’audace qu’il faut pour s’adresser ainsi à Dieu. Mais les écrivains bibliques ont inventé cette audace: il suffit de lire certains Psaumes.

La seconde vibration s’échappe du cadre, mais elle existe.

Après tout, la tradition chrétienne a vu en la personne de Jésus-Christ la figure d’un Dieu qui insiste, sans relâche et jusqu’au bout, pour que l’humain accepte de changer.

AMEN

(1) on pourrait ne pas considérer les interpellations rhétoriques de Jésus aux pères, comme des paraboles, mais on peut aussi considérer que la suggestion d’un père qui donnerait un serpent à la place d’un poisson, ou un scorpion à la place d’un oeuf entre dans un imaginaire qui pourrait évoquer celui  des paraboles. Il est parfois difficile de déterminer ce qui est ou n’est pas une parabole dans les évangiles, car le genre n’a pas une définition parfaitement stricte

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Retrouvez le moment de la prédication basée sur le texte de LUC 11, 1 À 13

1 Il priait un jour en un certain lieu. Lorsqu’il eut achevé, un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean aussi l’a enseigné à ses disciples. 2 Il leur dit : Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit reconnu pour sacré, que ton règne vienne ! 3 Donne-nous, chaque jour, notre pain pour ce jour ; 4 pardonne-nous nos péchés, car nous aussi, nous remettons sa dette à quiconque nous doit quelque chose ;et ne nous fais pas entrer dans l’épreuve. 5 Il leur dit encore : Qui d’entre vous aura un ami chez qui il se rendra au milieu de la nuit pour lui dire : « Mon ami, prête-moi trois pains, 6 car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir. » 7 Si, de l’intérieur, l’autre lui répond : « Cesse de m’importuner ; la porte est déjà fermée, mes enfants et moi nous sommes au lit, je ne peux me lever pour te donner des pains », 8– je vous le dis, même s’il ne se lève pas pour les lui donner parce qu’il est son ami, il se lèvera à cause de son insistance effrontée et il lui donnera tout ce dont il a besoin.9 Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. 10 Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira. 11Quel père parmi vous, si son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu d’un poisson ? 12 Ou bien, s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? 13 Si donc vous, tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l’Esprit saint à ceux qui le lui demandent!

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Résumé : Le prédicateur met en valeur le modèle de la prière proposée par Jésus à ses disciples. Celle-ci est non seulement constituée de demandes (au sens fort), mais il est suggéré qu’il n’y a aucune honte à formuler de telles demandes, qui correspondent à de réels besoins.  En témoigne la parabole de cet ami importun, qui vient illustrer la proposition de prière que fait Jésus. Cet ami insiste  jusqu’à obtenir satisfaction, même en pleine nuit. Au passage le prédicateur considère que les questions rhétoriques adressées  par Jésus aux pères qui l’écoutent comme la continuation de la tonalité des paraboles, à cause des images employées. Le tout réveille une représentation de Dieu de laquelle nous nous étions sans doute déshabitués. L’insistance ici ne signifierait pas un manque de respect.  Le prédicateur envisagera à la fin une  autre perspective qui n’exclut pas la première mais qui pourrait mettre en valeur la richesse d’un tel texte.