LE DÉROULÉ LITURGIQUE DU 21 SEPTEMBRE 2025

ORGUE

SALUTATION ANNONCE DE LA GRACE

Bien-aimés frères et sœurs en Christ, amis et compagnons,

Nous voici rassemblés aujourd’hui pour louer et adorer notre Seigneur et créateur pour le nom de Jésus-Christ. Que cette assemblée, cette ek-lesia, qui désigne originellement une assemblée issue d’un appel, ou de multiples appels singuliers, cette église, la vôtre, la nôtre, soit un lieu de paix et de réconfort pour chacun d’entre nous, où nous pouvons poser nos fardeaux et nous remettre entièrement entre les mains de Dieu.

Que ce moment soit également l’occasion pour nous de nous encourager mutuellement dans notre foi et de nous soutenir les uns les autres dans les épreuves de la vie.

Que Dieu nous bénisse et nous guide tout au long de cette célébration, et au long de cette journée d’éducation biblique, afin que nous soyons renouvelés et fortifiés dans notre foi en lui. Amen.

La grâce et la paix sur chacun et chacune d’entre vous

Vous, qui avez pu vous déplacer au Temple de l’Oratoire du Louvre et vous sur internet: tous et toutes, soyez les bienvenu.e.s !

Chant spontané : Bénissons Dieu le seul Seigneur (Psaume 134)

LOUANGE,

Dans son existence troublée, l’humain appelle son Dieu

Lumière, dans ses ténèbres,

Soleil brillant sur ses jours, Force, qui le soutient dans l’épreuve,

Amour infini qui lui fait toucher la grâce

L’humain bénit celui qu’il fait son Seigneur qui le rend digne d’être humain

Le bénit Pour tout ce qu’il est

L’humain appelle son Dieu, Rocher, refuge, Espérance et joie,

L’humain appelle son Dieu et le voit s’approcher

 

AMEN

CHANT Psaume 100, strophes 1, 2, 3 et 4

 

VOLONTÉ DE DIEU

Paul, l’apôtre, le théologien, le philosophe, le rhéteur, le provocateur a t il été inspiré lorsqu’il a dicté cette affirmation à son preneur de notes , quand il composait sa lettre aux Galates? Je vous lis

Faites vous par amour les serviteurs les uns des autres. Toute la loi se résume dans cette seule parole : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Et il ajoute cette évidence mordante : Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres.

Tellement logique, et puis il conclut son passage par cette évidence que l’on voudrait entendre et entendre encore pour en être enfin persuadés, jusqu’à réaliser que c’est à nous d’agir en ce sens:

Le fruit que porte l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi.

Chant spontané Parle, parle Seigneur, ton serviteur écoute

PRIÈRE DE CONVERSION (repentance)

 

Seigneur, nous venons à toi simplement.

Nous reconnaissons nos faiblesses, nos détours, loin de toi, loin des autres.

Pardonne-nous pour ces moments d’égarement.

Aide-nous à revenir, laissant de côté nos craintes, nos fardeaux,

Donne-nous aussi la force de pardonner,

et d’ aimer, sans plus trop de conditions.

Oui, nous te remettons nos doutes et aussi nos manques,

Et pour être éclairés, guidés, nous nous retournons vers toi

 

Chant spontané J’aime mon Dieu car il entend ma voix

PROCLAMATION DU PARDON

La théologie chrétienne proclame que Dieu , à travers son Fils, nous offre le don précieux du pardon, qui nous permet de laisser derrière nous nos erreurs et nos faiblesses, et de reprendre notre chemin avec confiance.

Mais ce pardon reçu devient aussi un cadeau inestimable dans ce qu’il pourra se transformer en une pratique de bienveillance envers le prochain, envers soi-même; envers le prochain comme soi-même; ce qui contribuera à guérir certaines de nos blessures et allègera beaucoup de nos fardeaux. Je pardonne, et je te pardonne, même à toi qui ne le demandes pas, ne le demandera jamais, et je commence une nouvelle vie possiblement sans toi, à qui j’ai pardonné. Ne laissons pas notre obstination nous empêcher de pratiquer cette vertu inestimable. Ouvrons nos cœurs et acceptons ce don d’une grâce qui nous invite à la pratiquer à notre tour.

Chant spontané O que c’est chose belle

CONFESSION DE FOI

Voici une profession de foi qui résonne depuis longtemps dans nos temple et dont tous les mots sont aiguisés

Nous ne sommes pas seuls,

nous vivons dans le monde qui appartient à Dieu.

Nous croyons qu’il fait le monde pour le bonheur et pour la vie ;

malgré les limites de notre raison et les révoltes de notre cœur,

Nous croyons en Dieu.

Nous croyons qu’il travaille en nous par son Esprit

pour nous apporter la réconciliation et le renouveau,

Nous avons confiance en lui.

Il nous appelle à nous rassembler :

pour célébrer sa présence, pour aimer et servir les autres,

pour rechercher ce qui est juste et résister au mal.

Nous proclamons le Règne de Dieu,

Dans la vie, dans la mort, dans la vie après la mort,

il est avec nous. Nous ne sommes pas seuls.

Nous croyons en Dieu.

Chant spontané Grand Dieu nous te bénissons

Doxologie: «Gloire à Dieu dans les cieux et sur la terre, et d’éternité en éternité».

LECTURES (voir les textes en intégralité au paragraphe suivant)

GEN 15, 1 À 6

GEN 16, 1-16

GEN 17, 15 à 21

 

Psaume 91, strophes 1, 2 et 4

PRIÈRE D’ ILLUMINATION

Ouvre nos oreilles et dispose nos coeurs, afin que nous recevions ensemble, maintenant, la connaissance du salut que tu nous accordes.

ORGUE

PREDICATION (voir le paragraphe suivant ou/et le PDF à télécharger)

 

ORGUE

Cantique 83, strophes 1, 2 et 3

Annonces et Collecte

PRIERE D’INTERCESSION

Nous voulons prier pour les vivants, pour les naissants, pour les espérés, pour les désespérés, pour les mourants

Pour les aidants, pour les voulants, pour les abattus,

Pour les criants, les aveuglants, les changeants et les autres,

nous voulons prier pour les priants, pour les aveuglés, pour ceux qui sont tristes.

Nous voulons prier pour ceux qui ne savent plus qui ils étaient, pour celles qui ont peur de ressortir, pour les cassés, les cassants, les fuyants et les autres

Nous prions pour nous mêmes, pour les regards qui nous avons échangés, pour les mains qui nous ont élevés, abaissés, ou relevés, et pour les paroles nécessaires que nous avons tues, pour que maintenant elles sonnent et qu’elles soignent.

Mon âme, bénis l’Éternel, Et n’oublie aucun de ses bienfaits!

NOTRE PERE

BENEDICTION

On t’a dit, ô humain, ce qui est bien et ce que l’Eternel demande de toi: c’est de faire ce qui est juste, d’aimer la miséricorde et de marcher humblement avec ton Dieu.

Et nous recevons ensemble, avant de nous séparer, la bénédiction de la part du Seigneur.

Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu notre Père, et la consolation du Saint-Esprit soient et demeurent avec vous tous, présents ou absents, visibles ou invisibles, pour le temps et pour l’éternité. Amen.

Chant spontané Bénis ô Dieu nos routes

ORGUE

LE TEXTE DE LA PRÉDICATION

LECTURES

GEN 15, 1 À 6

1 Après cela, la parole du Seigneur parvint à Abram, dans une vision : N’aie pas peur, Abram ! Je suis moi-même ton bouclier ; ta récompense sera très grande. 2Abram répondit : Seigneur Dieu, que me donneras-tu ? Je m’en vais sans enfant ; l’héritier de ma maison, c’est Eliézer de Damas. 3Abram dit : Tu ne m’as pas donné de descendance ; c’est celui qui est né dans ma maison qui sera mon héritier. 4Alors la parole du Seigneur lui parvint : Ce n’est pas lui qui sera ton héritier, mais bien celui qui sortira de toi. 5 Il le mena dehors et dit : Contemple le ciel, je te prie, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Il lui dit : Ainsi sera ta descendance. 6Il mit sa foi dans le Seigneur ; il le lui compta comme justice.

GEN 16, 1-16

1 Saraï, femme d’Abram, ne lui avait pas donné d’enfant. Elle avait une servante égyptienne du nom de Hagar. 2Saraï dit à Abram : Puisque le Seigneur m’a empêchée d’avoir des enfants, va avec ma servante, je te prie ; peut-être aurai-je un fils par elle. Abram écouta Saraï. 3Ainsi, après qu’Abram eut habité dix ans en Canaan, Saraï, femme d’Abram, prit Hagar l’Egyptienne, sa servante, et elle la donna comme femme à Abram, son mari. 4 Il alla avec Hagar, et elle fut enceinte. Quand elle se vit enceinte, sa maîtresse ne compta plus à ses yeux. 5 Alors Saraï dit à Abram : Que la violence qui m’est faite retombe sur toi ! C’est moi-même qui ai placé ma servante sur ton sein ; et maintenant qu’elle se voit enceinte, je ne compte plus à ses yeux. Que le Seigneur soit juge entre moi et toi ! 6 Abram répondit à Saraï : Ta servante est entre tes mains ; agis à son égard comme il te plaira. Alors Saraï se mit à l’affliger, et Hagar s’enfuit pour lui échapper.

7 Le messager du Seigneur la trouva près d’une source dans le désert, celle qui est sur le chemin de Shour. 8 Il dit : Hagar, servante de Saraï, d’où viens-tu et où vas-tu ? Elle répondit : Je me suis enfuie pour échapper à Saraï, ma maîtresse. 9 Le messager du Seigneur lui dit : Retourne chez ta maîtresse et laisse-toi affliger par elle. 10 Le messager du Seigneur lui dit : Je multiplierai ta descendance ; on ne pourra pas la compter, tant elle sera nombreuse. 11 Le messager du Seigneur lui dit :Te voici enceinte ; Tu vas mettre au monde un fils, et tu l’appelleras du nom d’Ismaël (« Dieu entend ») ; car le Seigneur t’a entendue dans ton affliction. 12 Il sera comme un âne sauvage ;

sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui ; il établira sa demeure face à tous ses frères. 13 Elle appela le Seigneur, qui lui avait parlé : « Tu es El-Roï – le Dieu qui me voit », car, dit-elle :

et là je dois interrompre la lecture car ce qui suit a été volontairement rendu intraduisible par les Massorètes, les premiers éditeurs de la Bible hébraïque (entre le 6e et le 7e siècle de notre ère) , et c’est le professeur Thomas Romer qui propose une restitution du texte primitif : « j’ai vu Dieu et je suis resté en vie » plutôt que « est-ce aussi vers ici j’ai vu derrière celui qui me voit »). » ce qui ne veut rien dire. Les éditeurs de la Bible n’aimaient pas que cette femme, présumée ancêtre des arabes, ait pu voir Dieu la première.

14 C’est pourquoi on a appelé ce puits Puits Lahaï-Roï (« Au Vivant qui me voit ») ; il est entre Qadesh et Béred. 15 Hagar donna un fils à Abram ; Abram appela du nom d’Ismaël le fils que Hagar lui avait donné. 16 Abram avait quatre-vingt-six ans lorsque Hagar donna Ismaël à Abram.

GEN 17, 15 à 21

15Dieu dit encore à Abraham : Quant à Saraï, ta femme, tu ne l’appelleras plus du nom de Saraï : son nom sera Sara. 16 Je la bénirai : d’elle aussi je te donnerai un fils ; je la bénirai, et elle deviendra des nations ; les rois de plusieurs peuples sortiront d’elle. 17 Abraham tomba face contre terre ; il rit en se disant : Naîtrait-il un enfant d’un homme de cent ans ? Sara aurait-elle un enfant à quatre-vingt-dix ans ? 18 Abraham dit donc à Dieu : Oh ! qu’Ismaël vive devant toi ! 19Mais Dieu dit : Ce n’est pas cela ! C’est Sara, ta femme, qui va te donner un fils ; tu l’appelleras du nom d’Isaac. J’établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle, pour sa descendance après lui. 20 Pour ce qui est d’Ismaël, je t’ai entendu : je le bénirai, je le rendrai fécond et je le multiplierai à l’extrême ; il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation. 21 Mais mon alliance, je l’établirai avec Isaac, celui que Sara te donnera l’année prochaine, à cette époque-ci.

 

 

PREDICATION

Le thème général de l’éducation biblique cette année est : « LA BONNE NOUVELLE ».

L’équipe de préparation propose cette année que nous commencions avec ces récits de Gen. chapitres 16 et suivants, aussi bien au culte que dans les groupes.

Ma prédication aujourd’hui a un motif très simple : pour proclamer une vraie bonne nouvelle vis-à-vis de ce qui se passe actuellement dans les territoires concernés, qui dépasse notre entendement et notre capacité à le supporter, il faut quand même s’attarder sur les textes bibliques présumés fondateurs, fondateurs supposés à la fois des peuples mais en tous les cas de leurs conflits: même si cela a l’air un peu vain, voire dérisoire face à la violence en présence. Il faut s’y attarder parce que ces textes recèlent une bonne nouvelle que bien entendu les fondamentalistes de tout bord essaient de retirer ou de cacher. Parmi ces fondamentalistes, il y aussi des rédacteurs ou des re-rédacteurs bibliques. Et oui. Car ce n’est pas si simple. La bonne nouvelle n’arrive pas toute pimpante et évidente, elle arrive entravée, et c’est à nous de finir de la libérer de ses entraves.

Toute cette littérature supposée fondatrice est complexe. Le texte biblique est un véritable champ de relectures, de superpositions et d »ajouts selon les volontés contradictoires des divers rédacteurs d’intégrer ou non vraiment, par exemple pour les textes choisis pour ce jour, Ismaël dans la descendance bénie d’Abraham.

Et il est impossible, à ma place de prédicateur d’aller embrasser toutes les hypothèses sinon pour souligner de nouveau, comme cela se fait souvent à cette chaire que la Bible et en particulier l’Ancien Testament et en particulier le pentateuque (les 5 premiers livres de la Bible) sont des récits qui se parlent entre eux, se contredisent et parfois s’excluent les uns les autres.

Alors dans cette prédication, nous allons rappeler l’essentiel de ce qui surnage:

Abraham a eu des fils, probablement 8- il y aura en effet, après la mort de Sarah, une autre femme appelée Ketoura- mais: restons concentrés sur:

Le premier fils qui est Ismaël, fils d’Hagar

et Le second fils qui est Isaac, fils de Sarah.

Les deux, ainsi que leurs mères, sont bénis. Pour les deux est faite la promesse d’ une multitude en descendance.

Maintenant, je vais vous lire un texte bien connu, dans Genèse 13, un texte que l’on entend généralement d’une façon exclusive. Au chapitre 13 donc, bien avant nos lectures du jour. Je lis:

: 14 Le Seigneur dit à Abram, (…) : Lève les yeux, je te prie, et regarde, depuis le lieu où tu es, vers le nord, vers le sud, vers l’est et vers l’ouest ; 15 tout le pays que tu vois, je te le donnerai, à toi et à ta descendance, pour toujours. 16J e rendrai ta descendance aussi nombreuse que les grains de poussière de la terre : si l’on pouvait compter les grains de poussière de la terre, alors on pourrait aussi compter ta descendance. 17 Parcours le pays en long et en large : je te le donnerai.

Très souvent, on écoute ce texte en oubliant que parmi la descendance d’Abraham, il y a aussi Ismaël. Ismaël qui est- certes d’une façon certes non historique – reconnu comme l’ancêtre des arabes et considéré par le Coran comme l’ancêtre de Mahomet lui-même. Malgré toutes les tentatives de relectures intra bibliques, il y a un fait textuel incontestable et éclatant:

Selon la Bible, Abraham a eu deux fils qui se sont vus tous deux attribués une descendance et une promesse. S’il est généralement considéré que l’alliance faite avec Abraham s’est poursuivie et a été rappelée avec le deuxième fils Isaac, il est initialement affirmé par une parole de Dieu en Gen. 17 que cette alliance concerne ou concernait toute sa descendance: J’établis mon alliance entre moi et toi – toi et ta descendance après toi, dans toutes ses générations – comme une alliance perpétuelle, pour être ton Dieu et celui de ta descendance après toi.

Même si des re-rédacteurs ont finalement précisé en Genèse 21 que Hagar et Ismaël ont finalement été expulsés, à la demande de Sara par Abraham qui, encore une fois en rechignant, a obéi, après cette expulsion, Dieu revient dire à sa mère que Ismaël sera à l’origine d’une grande nation, avec 12 princes, ce qui rappelle les 12 tribus issues de descendance de Jacob, fils d’Isaac.

Thomas Römer, rapporte cette extrait de la tradition rabbinique qui a voulu rappeler cette double descendance .Je cite le professeur Romer :

« La tradition rabbinique a bien ressenti le problème de l’ordre divin en Gn 22 (à propos de la demande horrible faite à Abraham de sacrifier son fils) et a inventé, à partir des qualificatifs du fils, le dialogue suivant entre Dieu et Abraham : « Prends ton fils. – Lequel ? demande Abraham. J’en ai deux. – Ton unique. — L’un est unique pour sa mère et l’autre est unique pour la sienne. – Celui que tu aimes. – J’aime celui-ci et j’aime celui-là. – Isaac. ».

Notons au passage que dans le Coran, contrairement à ce qui est souvent répété, celui qui a été conduit pour être sacrifié n’est pas nommé, c’est la tradition ultérieure qui l’a désigné comme étant Ismaël.

Oui, une bonne nouvelle au milieu du fracas des bombes et des hécatombes. Un rappel biblique: Isaac et Ismaël sont des cohéritiers, aussi bien de ce territoire que, initialement – initialement puisqu’il y a eu des réécritures, de l’alliance faite avec Abraham.

Je le sais, vous le savez, mais aujourd’hui la bonne nouvelle est de le ré- affirmer haut et fort et ce même contre la tradition chrétienne qui a une tendance à privilégier la descendance de Sarah suite à une interprétation erronée d’une phrase de Paul dans Galates à propos d’Agar, femme esclave et Sarah, femme libre. Paul affirmait que les croyants au Christ étaient les seuls vrais descendants de la femme libre, cela n’a rien à voir avec notre problématique.

Selon encore une fois le professeur Thomas Romer et je cite plutôt que de paraphraser: La première mouture de Gen 16 est vraisemblablement issu de l’aristocratie rurale de Hébron (ville anciennement de Juda, aujourd’hui en Cisjordanie) et il cherche peut-être à s’opposer, au travers de son récit, aux poussées nationalistes qui se manifestent à l’époque du roi Josias, fin du 7e siècle avant notre ère. Il raconte cette histoire pour expliquer à son auditoire l’origine des Ismaélites, qui leur étaient alors devenus familiers à cause de leurs activités commerciales dans le sud de la Judée. Le fait de tisser des liens familiaux étroits entre les Judéens et les Ismaélites aurait pu provoquer une certaine inquiétude auprès de l’auditoire ; mais celui-ci devait cependant se sentir proche de ces voisins arabes, notamment pour des raisons linguistiques. Mais il y a plus : par ce récit, l’auteur exprime une théologie universaliste et opère par là-même un décloisonnement de la promesse.

En étant au fait ce que la Bible raconte, malgré toutes ses contorsions, autour d’Abraham, la bonne nouvelle est qu’au moins nous, ici, nous sommes plus clairs, et mieux fondés. Quand il faudra parler, nous le pourrons. Nous pourrons dire: un homme avait deux fils, qui étaient des demi-frères et les deux ont été bénis par Dieu.

Mais à l’intérieur de cette bonne nouvelle il y a en une autre qui est plus sensible, elle a pour incarnation cette femme, Agar, cette esclave égyptienne qui n’a pas d’autre choix initial que d’être une mère porteuse.

La mise en valeur de cette femme-là dans ce texte là est déjà en soi une bonne nouvelle littéraire. Dans la tradition chrétienne cette femme a d’abord été dénigrée puis progressivement réhabilitée jusqu’à devenir une figure des théologies féministes.

Il y a cette femme qui aura un fils dont le nom veut dire « Dieu a entendu »

Mais il y a cette femme qui a le privilège avant même Jacob, de voir « le divin » sous la forme d’un messager.

Une femme qui fera même mieux que Moïse. Moïse, à qui le nom de Dieu est donné à sa demande, mais sous la forme d’une énigme « je suis celui qui suis . Mais elle, Agar, nommera son Dieu clairement, le nommera : « Dieu qui me voit ». On pourrait affirmer que c’est le premier acte théologique, en l’occurence celui de donner un nom à Dieu. Il s’agit en somme du premier « discours sur Dieu » ce que veut dire ultimement « théo-logie » . C’est ainsi qu’Agar a pu être été considérée comme la première théologienne.

La bonne nouvelle ici, c’est Agar affirmant que Dieu la voit – seule, enceinte, dans le désert, le désert qui est le lieu de la rencontre entre Dieu et Israël depuis l’Exode jusqu’au Deutéronome.

Dieu qui la voit pour que les lecteurs la voit, celle dont le nom pourrait signifier «l’étrangère », celle qui vit le premier exil du peuple de la maison d’Abraham. Fuyant le harcèlement de la commanditaire de sa grossesse, elle sera en mesure d’affirmer que Dieu la voit, elle.

En conclusion.

Dans le texte biblique il y a une tension forte entre les rédacteurs « nationalistes » et les rédacteurs « universalistes », mais en dépit de cette tension, il y a toujours mention de ce Dieu qui voit l’injustice et agit pour qu’elle soit réparée, jusqu’à, selon la Bible, inspirer plus tard des lois dont certaines diront d’aimer l’immigré comme soi-même, qui interdiront de convoiter la maison de son voisin, qui interdiront le meurtre.

Malgré tous les débats, contradictions et réécritures, bien que l’actualité, aussi bien en Ukraine qu’en Palestine exalte au plus haut point, jusqu’à celui sans doute du non-retour, le fratricide, il y aura toujours mention de ce Dieu- oui, mention, je parle ici de ce que j’appelle la persistance de la lettre morte, et donc susceptible d’être réveillée- il y aura toujours mention de ce Dieu qui ira selon évangiles, jusqu’à inspirer un Galiléen très cultivé, raconté comme le fils de quelqu’un d’autre que son père, un homme qui se fera lui-même bonne nouvelle par exemple en traversant des frontières symboliques vécues comme des murailles de fer, qui passera entre des territoires ennemis comme la Samarie et la Judée, qui ira proclamer dans des territoires appelés païens mais qui n’ont de païen que la définition que leur donnent ceux qui ne se considèrent pas comme païens, et qui racontera beaucoup de choses, beaucoup de paraboles comme celle de cet homme qui avait deux fils.

AMEN

 

LA VIDÉO DU CULTE DU 21 SEPTEMBRE 2025

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LA PRÉDICATION EN VIDEO

Soyez les bienvenus au culte, tous les dimanches à 10H30, 145 rue St Honoré, Paris 1.