Délégation générale des diaconats réformés 1882-1932

En 1932, David Beigbeder est Secrétaire de l’Union consistoriale,
Vice-président de la Délégation générale des diaconats.

 


À la fin de l’Assemblée extraordinaire, tenue par le Diaconat général le 31 mars 1882, sous la présidence de M. le pasteur Théodore Monod, et à la suite de la lecture du Rapport annuel sur les travaux accomplis en 1881 — que je m’étais trouvé appelé à présenter à la réunion en ma qualité de second Secrétaire général adjoint du Diaconat — la parole est donnée à M. Maurice Sautter, qui siège au Diaconat Général depuis 1867, pour « entretenir les Membres présents des graves événements qui viennent de frapper l’Église de Paris ».

 

« Nous avons la douloureuse mission, déclare alors M. Sautter, de constater que cette Assemblée est la dernière séance annuelle de notre Diaconat général, dont l’existence subit le sort de l’Église elle-même, fractionnée par le Décret du 25 du présent mois…
Dorénavant, les 8 paroisses qui constituent ensemble l’Église consistoriale de Paris, administrée chacune par un Conseil presbytéral distinct, auront à pourvoir chacune au traitement de ses pasteurs, aux frais du Culte, aux besoins des pauvres, des écoles ; et cela, avec des ressources dont l’insuffisance est, pour la plupart d’entr’elles, absolument notoire.
… Le fait est aujourd’hui consommé, et il n’y a plus d’illusion à se faire sur la réalité de la mesure, qui substitue à notre unité si forte et si fertile, un fractionnement dont l’effet sera de ramener chacun au sentiment de l’insuffisance de son individualité.
Que deviendront nos assistés ? Nous ne saurions actuellement le prévoir. Nous espérons que l’inépuisable charité qui nous a alimentés jusqu’ici trouvera une forme nouvelle pour faire face aux circonstances nouvelles de l’Église ; mais nous n’oserions y compter qu’autant que l’Église donnera elle-même des gages de fidélité et d’unité suffisants pour s’assurer la sympathie des donateurs… »

 

L’émotion est grande dans l’Assemblée, qui compte ce jour-là 80 Membres, représentants des 11 Comités paroissiaux de l’époque. Elle ne se sépara qu’après avoir voté à l’unanimité un Ordre du Jour aux termes duquel :

 

« Le Diaconat Général,
Émet le vœu que chacun, pasteurs et laïques, demeure son poste et y travaille au maintien de la vérité évangélique et de l’unité de l’Église. »

 

Puis le Diaconat tient encore deux séances ordinaires :

 

  • l’une, le vendredi 26 mai 1882, dans laquelle, après avoir remercié l’ancien grand Diaconat général pour les services qu’il a rendus, M. le Pasteur de Vernejoul, président du mois, exprime la confiance que le Décret du 25 mars « ne pourra jamais rompre les liens qui unissent entr’eux les fidèles de l’Église réformée de Paris, et souhaite que l’Église elle-même sorte grandie et fortifiée de cette épreuve » ;
  • l’autre, le vendredi 30 juin 1882, dans laquelle M. Sautter communique un projet relatif à la constitution d’une Délégation générale des comités paroissiaux, projet alors étudié par les divers Conseils presbytéraux, dans lequel M. Sautter, qui en est l’auteur, a mis tout son cœur et toute son âme.

 

« L’unité de vues et d’action qui n’a cessé de se montrer au Diaconat général — déclare M. Sautter — lui ont permis d’asseoir son organisation sur des bases telles que le coup qui vient de frapper l’Église réformée de Paris a seul pu mettre fin à son existence. Il lègue ainsi à ses successeurs une œuvre active et prospère. Quant à ses Membres, les changements apportés par l’organisation nouvelle à la forme de leurs relations ne changent rien aux sentiments de fraternité qui se sont établis entr’eux, et le jour où l’Église aura besoin d’eux, ils sauront tous se retrouver pour accomplir leur devoir… »

 

Ce jour était bien proche…

 

Un mois après, le jeudi 20 juillet 1882, la Délégation générale des diaconats était fondée à la suite de l’adhésion donnée le 10 juillet à son « Acte constitutif » par les 8 Conseils presbytéraux composant le Consistoire de l’Église réformée de Paris.

 

Dès cette réunion, M. Maurice Sautter est maintenu dans ses fonctions de Vice-président ; M. Amédée Délu est nommé Secrétaire-général ; M. Léon Feer, Secrétaire de la Commission des pensionnats et asiles ; M. Gérente, Archiviste ; M. Eugène Puerari, Trésorier des pauvres ; et la Délégation générale est à même de tenir sa première séance le 28 juillet 1882.

 

L’Acte constitutif de la Délégation, qui portait que celle-ci s’inspirera « en tout ce qui ne sera pas en désaccord avec la Constitution nouvelle de l’Église, du Règlement de l’ancien Diaconat de 1877 », mentionne dans son dernier article « que la Convention qu’il représente n’est acceptée qu’à titre purement provisoire jusqu’à la fin du mois de mars 1883… ».

 

Dans sa réunion du 30 mars 1883, la Délégation est informée que les Présidents des Conseils presbytéraux, dans une réunion tenue le 16 du même mois, ont voté à l’unanimité la prorogation de la Délégation générale jusqu’au 30 juin 1886, sans faire aucun changement dans la rédaction de son Acte constitutif, et dans la réunion suivante (27 avril 1883), elle entend lecture d’une lettre de M. le Pasteur Louis Vernes, président du Consistoire, qui, en lui notifiant cette prorogation, indique qu’il a été décidé en outre :

 

  • … que les exercices de la Délégation commenceront chaque année au 1er juillet pour finir au 30 juin de l’année suivante ;
  • … que la clause de l’Acte constitutif déclarant Membres de droit de la Délégation Générale, certains Membres de l’ancien Diaconat qui avaient fait partie du Bureau, est maintenue ;
  • … et que cet Acte reste tel qu’il a été établi en 1882, sauf en ce qui concerne la durée de la Délégation et les termes de ses exercices qui sont modifiés comme il vient d’être indiqué.

 

Ainsi, l’Église réformée de Paris, dont l’unité venait à nouveau de se montrer, permettait au Diaconat de conserver la sienne pour le plus grand bien de nos coreligionnaires pauvres…, nous serions presque tentés de dire pour le bien des diacres eux-mêmes qui allaient pouvoir continuer à se dévouer en commun…

 

Le renouvellement triennal des pouvoirs de la Délégation par le Consistoire de l’Église réformée de Paris, qui correspondait à celui des Conseils presbytéraux, ne manqua pas une seule fois de se reproduire, et l’Église réformée de Paris donna ainsi elle-même à la Délégation générale des diaconats, au cours du demi-siècle qui vient de s’écouler, le gage le plus certain et le plus précieux de sa fidélité et de son unité.

 

Nous venons de dire que l’Acte constitutif de la Délégation générale rappelait les dispositions du Règlement de 1877, le dernier en date des Règlements de l’ancien Diaconat. Il ne faisait en effet que fixer les règles générales suivant lesquelles l’union centrale financière et administrative, que la Délégation représente, était fondée et établie entre les 8 diaconats de la Consistoriale réformée de Paris. Chaque diaconat paroissial conservait son autonomie et n’avait plus à rendre compte de ses distributions de secours à la Délégation générale que pour permettre à sa Commission des finances de connaître les besoins de chacun en vue de l’attribution d’allocations annuelles destinées à permettre aux diaconats dont les ressources sont insuffisantes, de répondre aux demandes de secours qui leur sont adressées.

 

Vingt-trois ans plus tard, un nouveau danger menaça nos églises et nos diaconats : la séparation des Églises et de l’État, qui risqua de nouveau de modifier toute l’organisation de notre Assistance.

 

 

Dès avant le vote de la Loi qui régla cette importante question, le 9 décembre 1905, le Consistoire de l’Église réformée de Paris, prévoyant sa disparition, se préoccupa de ce que deviendraient ses biens grevés d’affectations charitables, et nomma une Commission spéciale pour examiner la situation.

 

Le résultat des travaux de cette Commission fut la fondation, le 27 juillet 1905, de l’Association de bienfaisance parmi les protestants réformés de Paris et du département de la Seine, qui obtint sa reconnaissance d’utilité publique le 13 août 1906 : la constitution en associations de personnes des diaconats particuliers, et la réorganisation de la Délégation, en 1907, sous la forme d’une union d’associations dénommée la Délégation générale des diaconats réformés de la Seine — toutes associations constituées en conformité avec la Loi de 19011.

 

Et le patrimoine charitable de nos Églises put ainsi être sauvegardé par la nouvelle organisation intérieure de 1907, tout comme le patrimoine moral de l’ancien Diaconat général avait été sauvegardé en 1882.

 

Les « Statuts » de la nouvelle Délégation reproduisent, pour ainsi dire, en tous points, les articles de l’Acte Constitutif de 1882.

 

À la suite de l’heureuse Convention, signée le 11 janvier 1907, entre MM. les pasteurs Benjamin Couve et Émile Roberty, au nom de l’Union consistoriale des Églises réformées de Paris et de la Seine (qui avait succédé au Consistoire de l’Église réformée de Paris) et du Conseil presbytéral de l’Association cultuelle de l’Église réformée de l’Oratoire (qui avait remplacé le Conseil presbytéral de l’Oratoire constitué en 1882), aux termes de laquelle le statu quo est maintenu en ce qui concerne la jouissance et l’occupation des locaux de l’immeuble de l’ancienne Maison consistoriale, il put être énoncé à l’article 6 des Statuts de la délégation que celle-ci est autorisée à avoir ses services et son Agent installés dans ledit immeuble ; à l’article 7, il fut stipulé que « La Délégation s’inspirera du Règlement et des usages de l’ancienne Délégation pour tout ce qui ne sera pas en désaccord avec les nouveaux statuts ».

 

Le caractère provisoire du nouvel accord intervenu continua à être maintenu, et il fut signé entre les 15 diaconats de l’époque, le 28 juin 1907, pour produire effet pendant une durée de trois années, à partir du 1er juillet 1907.

 

L’Union consistoriale réformée, qui avait recueilli l’héritage moral et une partie du patrimoine du Consistoire, marqua à la Délégation la même confiance et lui renouvela ses pouvoirs tous les trois ans depuis 1907, la dernière fois en 1931.

 

Notre Agent général vient de rappeler que l’ancien Diaconat était resté fidèle à son poste en 1870/71. Il m’appartient de dire que la Délégation générale fit de même pendant les douloureuses années de la Grande Guerre (1914-1918). Ceux d’entre vous qui furent appelés à participer à nos travaux pendant cette période, se rappellent sans nul doute comment nos efforts redoublèrent alors pour faire face à tous les besoins qui se montraient à nous. Notre Trésorier, M. Pierre Mirabaud, vous fournira d’ailleurs à ce sujet quelques précisions. Je tiens seulement à signaler à ce propos l’initiative que nous prîmes d’offrir les services de notre Administration à de nombreuses Églises et institutions protestantes, ainsi qu’à des diaconats de province qui, sans elle, auraient risqué de ne pas être représentés auprès des Comités officiels de Secours de guerre et n’auraient ainsi pas pu participer à leurs répartitions.

 

Sur le développement de la Délégation générale, dont le rôle fut en principal le même que celui rempli par le Diaconat général — augmenté du fonctionnement d’une caisse centrale dont il vous sera aussi rendu compte par notre Trésorier — je dois indiquer que jusqu’à la réorganisation de 1907, le nombre des diaconats composant la Délégation resta sans changement. En 1906, comme en 1882, elle comptait 8 diaconats. Depuis 1907, l’augmentation des diaconats qui lui sont affiliés, fut continue. Nous en relevons successivement : 16 en 1907 ; 17 en 1909 ; 18 en 1911 ; 20 en 1912 ; 21 en 1919 ; 23 depuis 1930 ; tandis que le nombre des Délégués passe de 36 en 1906 comme en 1882, à 48 en 1907 et 67 en 1931.

 

Celui des enfants placés dans des établissements, qui était en 1882 de 190, monte à 300 aux environs de 1900 ; il n’était plus au 30 juin dernier, que de 81. Celui des vieillards et infirmes est resté, par contre, sensiblement le même : 161 en 1882, 182 en 1931.

 

Le chiffre le plus élevé que nous trouvons pour cette catégorie de nos protégés est celui de 237 en 1903, et le chiffre le plus faible, celui de 135 en 1919. Pour les assistés à domicile, la situation n’a guère varié : 2 241 en 1882 ; 2 403 en 1931 ; 2 801 en 1892 ; 1 605 en 1911.

 

En restant animés de la même sollicitude pour les pauvres que leurs « prédécesseurs » ou que leurs « ancêtres », et par l’application de méthodes fort souvent semblables, les Membres de la Délégation générale des diaconats ne cessèrent à aucun moment, et ne cessent pas actuellement, de montrer le plus grand esprit de « fidélité ». Ceci ne veut pas dire — et nos Rapports annuels2 — vous l’ont appris que nous n’avons pas le souci de nous adapter aux nécessités de l’heure présente pour mieux répondre à des besoins nouveaux.

 

Les travaux et les importantes « conclusions de la Commission d’études des Diaconats réformés de la Seine », constituée sur l’initiative et sous la Présidence du regretté pasteur Joseph Martin en 1915, par une large représentation de tous les diaconats affiliés à la Délégation, en témoignent, et aussi les Rapports présentés au nom de la Délégation générale à la Semaine protestante de 1926, sur la formation des diacres, tant au point de vue religieux qu’au point de vue charitable. Nous nous trouvons d’ailleurs d’accord avec les Rapporteurs de ces derniers travaux pour reconnaître que si nos diacres ont à se préoccuper de secourir matériellement le pauvre, ils ont aussi souvent à résoudre des questions d’hygiène et de prévoyance sociales.

 

Au point où nous en sommes maintenant parvenus, nous tenons à rendre ici, ce soir, l’hommage de reconnaissance que doit la Délégation générale des diaconats :

 

  • à toutes les institutions qui, elles aussi, avec fidélité, nous ont aidés à remplir notre rôle au cours des 50 années écoulées, la plupart depuis l’origine de la Délégation, particulièrement :
  • à l’Association des diaconesses et à la Cité des fleurs qui reçoivent à des conditions spéciales les malades et les convalescents de nos diaconats ;
  • à la Société protestante de prévoyance et de secours mutuels de Paris, fondée en 1825, sur l’initiative d’un membre du Diaconat de l’Église réformée de Paris ;
  • au Comité de patronage des apprentis de l’Église réformée de Paris, institué en 1853, sous la présidence de M. le pasteur Juillerat-Chasseur, avec la collaboration de délégués du Diaconat ;
  • à la Maison hospitalière pour les ouvriers sans travail ;
  • à la Société de patronage de jeunes garçons en danger moral ;
  • à l’Association des Trois-Semaines, qui accueille chaque année un grand nombre d’enfants qui lui sont confiés par nos diaconats ;
  • aux Asiles John-Bost, à la Fondation Lambrechts, à l’Asile protestant de vieillards de La Muette, fondé en 1854 et à tous ces autres établissements (pensionnats, sur la demande du Diaconat ; orphelinats, maisons de santé, de vieillards ou de retraite) qui reçoivent nos protégés — mais que je ne puis pas tous énumérer ici — tels que la Maison des Enfants, l’Asile évangélique de Lemé, le Pensionnat de l’Église réformée de Paris ; l’Orphelinat Louis-Vernes, les Orphelinats de Tonneins, de Nérac, de Crosnes, de Condé-sur-Noireau, de Montauban, de Plaisance, d’Orléans, de Saverdun et de Castres, le Sanatorium protestant du Moulleau, l’Asile Protestant de Nanterre et la Retraite Darcy.

 

Après avoir ainsi pensé aux services que rendent avec nous aux pauvres les Comités directeurs et le personnel de toutes ces institutions, je ne saurais oublier ce que nous devons à la fidélité de tous nos Collègues, Membres de divers diaconats, à celle de nos Rapporteurs annuels, toujours si dévoués, et j’entends mentionner aussi les fidèles et loyaux services que n’a jamais cessé de rendre depuis la fondation de la Délégation, le personnel de son Agence.

 

Enfin, je tiens, au nom des Membres actuels du Bureau de la Délégation, à rappeler ici le souvenir de quelques-uns de leurs prédécesseurs qui sont entrés dans leur repos tandis que leurs œuvres les suivent :

 

M. Maurice Sautter, en premier lieu, qui occupa dans l’histoire des Diaconats de l’Église réformée de Paris une place exceptionnelle. « Il ressemblait, a très exactement écrit de lui le Rapporteur de la délégation en 1894, à un inventeur constamment préoccupé du souci d’apporter à son invention quelque perfectionnement, passionné qu’il était du bien et du mieux… ».
Une fois de plus, nous aurons dit ici, ce soir, et cela était juste, que le Diaconat trouva en lui en 1882 l’organisateur dont il avait besoin. Son intelligence, sa fermeté, son zèle, nous furent véritablement en exemple.

 

M. Léon Feer, qui remplaça M. Sautter à la Vice-présidence lors du décès de celui-ci, en 1894, et y resta jusqu’à sa mort survenue en 1902. M. Léon Feer, comme nous l’avons rappelé il y a un instant, avait été nommé membre du Bureau de la Délégation générale en 1882, comme Secrétaire des pensionnats et asiles. Philologue distingué et travailleur infatigable, M. Léon Feer avait exercé les fonctions de diacre depuis 1859. Il s’est consacré entièrement aux œuvres qu’il avait contribué à fonder ou qu’il patronnait. Nous nous souvenons encore de sa grande modestie.

 

M. Amédée Délu qui, après avoir appartenu au Diaconat général depuis 1861, et avoir été nommé Secrétaire général de la Délégation en 1882, fut appelé en 1902 à la Vice-Présidence, qu’il occupa jusqu’en 1911. Notre Rapporteur annuel a dit, à juste titre, de M. Délu, lors de sa nomination de Vice-président, qu’il mettait véritablement en pratique la belle devise : « Faire beaucoup de bien vaut mieux que faire beaucoup de bruit ». Sa modestie à lui aussi, son activité, sa bonne grâce, sa parfaite impartialité restent toujours présentes dans notre souvenir.

 

M. Gérente, nommé Archiviste de la Délégation en 1882, qui avait aussi appartenu à l’ancien Diaconat qu’il quitta en 1853 pour y reprendre sa place en 1877, mais à qui il ne fut pas nommé de successeur dans le Bureau lors de son décès survenu en 1889.

 

M. Frédéric Ruteler qui, après avoir rempli avec le dévouement le plus scrupuleux les fonctions de Secrétaire de la Commission des pensionnats et asiles pendant 4 ans, accepta celles de Secrétaire général en 1912. Il les conserva jusqu’à son décès en 1917. La mort d’un gendre [Sully Bonnard], tombé dès les premiers mois de la guerre de 1914, avait été un coup terrible pour son âme sensible. Comme l’a aussi très justement écrit notre Rapporteur de l’année 1917, M. Ruteler, « au contact de nombreuses œuvres de bienfaisance et au Diaconat de l’Oratoire, qu’il a fidèlement servi pendant 25 années, avait acquis l’expérience des misères humaines et la pratique de la charité. Son passage à la Délégation a été fécond ».

 

M. Raynal, qui représenta le Diaconat du Saint-Esprit dans notre Bureau, en qualité de Secrétaire de la Commission des pensionnats et asiles, de 1895 à 1907 ;

 

Nos si excellents Trésoriers : M. Eugène Puerari, membre de l’ancien Diaconat général depuis 1873, maintenu dans ses fonctions en 1882, et M. Gustave Mirabaud qui, avant son fils, notre Trésorier actuel, M. Pierre Mirabaud, assura de 1896 à 1918, de façon si parfaite, la gestion des Biens des pauvres de l’Église réformée de Paris.

 

Après avoir ainsi évoqué ce soir devant vous la mémoire de nos collaborateurs disparus, qui nous reste si chère, je ne saurais enfin oublier de mentionner les efforts que prodiguèrent pour le développement de notre œuvre :

 

Le premier Agent général de la Délégation : M. Cabrol qui, après avoir rempli avec dévouement les fonctions d’agent du Diaconat général pendant 18 ans et de la Délégation générale pendant 2 ans, fut remplacé, en 1884, par le fils de l’Agent général du Consistoire de l’Église réformée de Paris, M. Paul Jalaguier, que beaucoup d’entre nous ont connu.

 

Nombreux, en effet, sont encore parmi nous ceux qui ont vu avec quel grand cœur débordant d’amour pour les déshérités Paul Jalaguier servait les pauvres en servant la Délégation générale ; qui sont venus se réchauffer, dans son petit bureau de l’entresol, à son inaltérable optimisme, à sa belle confiance, à son vibrant enthousiasme, et qui considèrent avec nous-mêmes que ce fut un privilège pour les Diaconats que d’avoir pu appeler pour le remplacer, lors de son décès survenu en 1917, son neveu, M. Charles Voigt, qui allait avoir à conserver la bonne tradition de l’oncle auprès de qui il avait appris, lui aussi, « à aimer et à servir les pauvres » en travaillant à ses côtés depuis 1903.

 

Quand je songe à l’esprit de concorde et de paix qui n’a jamais cesser d’animer tous ces vivants, aujourd’hui disparus — comme il anime tous ceux qui sont encore à nos côtés, sur la brèche, ce que disait de la Délégation, il y a de cela quelques années, un de nos Rapporteurs, m’apparaît toujours vrai :

 

« La Délégation est un lien qui permet de rapprocher les enfants d’une même famille : les aînés, les heureux, ceux qui peuvent donner, des petits et des faibles ; ceux qui ont le nécessaire et le superflu, de ceux qui ne peuvent vivre sans assistance et sans soutien. »

 

Et si c’est ici l’heure de reconnaître, en terminant, que si chacun a dû ou pu avoir, au cours des 50 années de fonctionnement de la Délégation, le sentiment de l’insuffisance de son individualité, il est juste aussi de proclamer que chacun a dû ou pu constater la résistance de l’organisation provisoire de 1882, qui a permis au Diaconat Réformé de Paris de ne rien perdre de « son unité si forte et si fertile ».

 

Institution d’assistance et de service social, comme il vient d’être dit, la Délégation générale maintient, affirme et affermit la solidarité des divers Diaconats de nos Églises, en même temps qu’elle est comme un témoignage de l’étroite solidarité des Églises de la Consistoriale réformée de Paris et de la Seine elles-mêmes sur le terrain de la charité.

 

Il semble qu’elle soit placée là comme une sentinelle vigilante, pour nous rappeler que si le « soin des pauvres » est individuel, il doit et peut être poursuivi « en commun », et que s’il est, par certains côtés, paroissial, il reste aussi indispensable, dans une grande Église comme celle de Paris et de la Seine, qu’il soit « interparoissial ».

 

Ainsi, la Délégation générale des diaconats de nos Églises nous apparaît de plus en plus comme un fruit des plus purs de l’Amour chrétien.

 

Puisse ne jamais être rompue « l’Alliance fraternelle » dont elle est, pour nous, comme un symbole, et puissent ses membres, toujours fidèles à l’enseignement de l’Apôtre, continuer à joindre dans l’avenir, comme ils l’ont fait dans le passé et comme ils le font dans le présent, « à la piété, l’amour fraternel et à l’amour fraternel la charité » (II Pierre, 7).

 


Notes

 

  1. Les Biens des pauvres dans l’Église réformée de Paris (Ch. Voigt, 1912).
  2. Les Rapports Annuels de la Délégation ont été rédigés, depuis 1882, par MM. F. Baudet, D. Beigbeder, G. Boissard, Fréd. Braun, Louis Damiron, Amédée Délu, Auguste Délu. Léon Feer, Ch. Filliol. Ch. Flory, Fourgassié, Gabathuler, H. Gras, Groisil, Ch. Karcher, Lacout, Lhonoré, Magne de la Croix, de Maleprade, H. Marty, Ningler, Prévost-Brouillet, Raynal, H. Reboul, A.-H. Renaud, F. Ruteler, Maurice Sautter, Joseph Schaffner.

 

 


Pour aller plus loin

 

  • Cinquantenaire du CASP en 1932 : sommaire

 

 

Contact