LE 24 AOÛT 1572

Il y a 453 ans, personne ne soupçonnait la venue du terrible orage qui a commencé à s’abattre sur Paris, rue de Béthisy (aujourd’hui rue de Rivoli), au petit matin du jeudi 24 août 1572. Cette année, le 24 août tombe un dimanche.

À l'Oratoire du Louvre

Le dimanche 24 août se déroulera le commémoration annuelle du massacre de la Saint Barthélémy, au Temple et à son chevet avec un dépôt de gerbe près de la statue de l’Amiral de Coligny

 

24 août 1572 – Un mariage princier tourne au bain de sang

Dans la nuit du 23 au 24 août 1572, Paris devient le théâtre de l’un des épisodes les plus sanglants des guerres de Religion françaises. Ce qui devait être une réconciliation entre catholiques et protestants se transforme en massacre systématique des huguenots.

Les prémices du drame

L’événement trouve son origine dans le mariage d’Henri de Navarre (futur Henri IV) avec Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX, célébré le 18 août 1572. Cette union, orchestrée par Catherine de Médicis, visait à sceller la paix entre les deux confessions. Mais l’attentat manqué contre l’amiral Gaspard de Coligny, chef des protestants, le 22 août, précipite les événements².

La nuit de l’horreur

Bien que leur degré de responsabilité soit controversé, il est communément admis que sur ordre du roi Charles IX et de sa mère Catherine de Médicis, le tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois sonne vers 4 heures du matin le 24 août. Le signal déclenche le massacre des protestants parisiens. Les tueurs, menés par Henri de Guise, s’acharnent d’abord sur Coligny, défenestré et mutilé. La violence se propage rapidement dans tout Paris.

Pendant trois jours, la capitale sombre dans une orgie de sang. Les estimations varient entre 2000 et 5000 morts à Paris et jusqu’à 10000 dans toute la France. Les corps sont jetés dans la Seine, les maisons pillées, les familles entières exterminées sans distinction d’âge.

Un traumatisme européen

La nouvelle du massacre stupéfie l’Europe. Si le pape Grégoire XIII fait chanter un Te Deum et frapper une médaille commémorative, les cours protestantes européennes sont horrifiées. L’événement marque un tournant dans les guerres de Religion et influence durablement la diplomatie européenne.

L’historiographie moderne, notamment les travaux de Denis Crouzet et de Janine Garrisson, souligne la dimension à la fois politique et religieuse de cet épisode, révélateur des tensions profondes qui déchirent la France du XVIe siècle.


Parmi les références :

  1. Garrisson, Janine, Marguerite de Valois, Fayard, 1994
  2. Crouzet, Denis, La Nuit de la Saint-Barthélemy, Fayard, 1994
  3. Jouanna, Arlette, La Saint-Barthélemy, Gallimard, 2007
  4. « Mémoire et actualité d’un massacre : la Saint-Barthélemy sous les plumes huguenotes du XVIIIe siècle », Épistémè, n°46, octobre 2024

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